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HOMME

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complétés par des unions en vue de la chasse, de la guerre ou de relations sympathiques… On peut aussi croire que les sorciers ont ajouté l’autorité politique à leur influence religieuse ou bien inversement que ceux à qui une supériorité de force, de ruse, d’expérience, etc., avait donné une certaine primauté, ont complété leur pouvoir par le prestige religieux.

Une autre raison d’imaginer une organisation sociale de nos troglodytes, c’est le commerce. Le développement artistique, le travail difficile de l’os, etc., supposent une certaine division du travail, par làmême des échanges. Les coquillages marins trouvés dans les stations de l’intérieur des terres, le silex dans les régions qui en sont naturellement dépourvues, dénotent des transports et un vrai commerce.

h) Le type physique. — La race de Cro-Magnon renfermait de beaux hommes à côté d’individus plus petits. Comme ceux de Néanderthal, ils étaient très dolichocéphales et devaient avoir une grande vigueur physique qu’atteste leur forte ossature. Mais, à rencontre de son prédécesseur, l’homme de la seconde race a un front haut et bombé, les arcades sourcilières modérément développées, les pommettes très accusées, le menton fort proéminent, le nez saillant et étroit. — Voir Cg. i.

Une gravure très connue, appelée « la femme au renne » i-eprésente cet être humain couvert de petits traits où l’on a cru reconnaître des poils. Mais celle interprétation du dessin reste bien hypothétique et n’estconfirméeparaucuneautre donnée préhistorique.

3° LA TRANSITION DU PALÉOLITHIQUE AU NÉOLITHIQUE

Changement de climat et de faune. — La température s’adoucit, les glaciers reculent vers leurs limites actuelles, les tourbières se forment, les forêts envahissent à nouveau l’Europe.

Alors quelques espèces, comme la Marmotte, le Chamois, le Bouquetin, se réfugient dans les massifs montagneux ; le Renne s’éloigne vers le nord-est et est remplacé par le Cerf élaphe qui devient l’animal caractéristique et le principal gibier de cette époque. A côté du Cerf, on rencontre le Chevreuil, 1 Ours commun, le Sanglier, le Blaireau, le Chat sauvage, le Castor, etc., le Cheval et le Bœuf subsistent mais plutôt rares.

Changement d’industrie et de mœurs. — A l’industrie magdalénienne succède l’industrie azilienne (du Mas d’Azil. rive gauche, très riche station préhistorique de l’Ariège, fouillée surtout par Piette). Les silex gardent presque tous les formes de l’âge précédent ; on remarque cependant la réapparition des grattoirs minuscules et des lames de canif. On y remarque surtout des silex pygmées et géométriques très caractéristiques. L’outillage en os est en pleine décadence, plus d’aiguilles, ni de propulseurs ; les poinçons al)ondent, mais la pointe seule est bien travaillée ; le harpon en os ou en bois de renne épais, avec bourrelet, a fait place au harpon en bois de cerf plat et percé. Il est vrai que la matière employée ne permet que cette forme aplatie, mais le travail n’est plus soigné et délicat. Les gravures et les sculptures ont presque complètement disparu. La peinture a laissé seulement un curieux objet : le galet colorié de groupes de points ou de lignes. Sur ces signes, dont quelques-un^ rappellent singulièrement certaines lettres d’alplialjets anciens, on a multiplié les hypothèses sans rien trouver de vraiment proijable.

L’industrie azilienne s’est répandue dans le Midi de la France, en Isère, en Suisse, en Bavière et jusqu’en Ecosse. On peut découvrir son origine dans l’Afrique du Nord-Ouest où elle s’appelle capsien supérieur. Ce sont ces Africains ou leurs frères

d’Andalousie ou de Sicile qui, chassés de chez eux par les premiers néolithiques venus d’Egypte, ont été refoulés vers le Nord et se sont répandus dans toute l’Europe occidentale.

A Ofnet, en Bavière, le D R. Scumidt, de Tiibingen, a trouvé dans une couche azilio-tardenoisienne une fosse contenant vingt sept crânes et une autre n’en contenant que six. Avec eux il n’y avait aucune autre partie du corps, mais ils étaient rangés conccntriquement, englobés dans une épaisse masse d’ocre rouge en poudre et tous placés face au soleil couchant. Ce dernier trait fait penser à un culte solaire et à cette idée des anciens Egyptiens que l’Occident est la région où se dirigent les morts. (Ils décapitaient même parfois les cadavres, peut-être pour obliger le double à quitter la terre.) Ces crânes étaient parés de dents de cerf et de coquillages, surtout ceux des femmes ; ceux des jeunes gens l’étaient moins, ceux des enfants moins encore, ceux des hommes pas du tout.

4° LA période néolithique

La c< nouvelle pierre » qui a donné son nom à la période qui s’ouvre après l’azilien, c’est la pierre polie. Ce n’est pas que la pierre taillée du paléolithique disparaisse, car l’homme ne cesse de se servir de bon nombre d’outils et d’armes de la période précédente. Ce n’est pas non plus que la pierre polie se retrouve dans toutes les stations néolithiques. La grande différence de ces deux périodes, c’est la prodigieuse transformation qui s’opéra alors dans les conditions et modes d’existence des humains.

C’est aussi une période de nombreuses migrations de l’Asie et de l’Afrique vers l’Europe. Ce dernier continent, dont le climat s’était enfin adouci, devenait une terre désirable pour les demi-civilisés, pâtres et cultivateurs, dont le berceau est à rechercher vers l’est. On ne saurait mieux comparer ce qui s’est passé alors qu’à l’envahissement progressif de l’Amérique par les Européens dans les temps modernes. Les nouveaux venus apportent un genre de vie plus raffiné, avec des particularités nationales ; ils refoulent progressivement les indigènes, parfois se mêlent à eux, développentsur place des modesd’existence assez variés, et ne fusionnent que plus ou moins tardivement et incomplètement.

C’est ainsi qu’on peut signaler un courant d’émigration vers la Baltique, qui nous a apporté le campignien (de Campigny, Seine-Inférieure). Celui-ci est devenu le néolithique du Nord de l’Europe par une évolution sur place. Le courant danubien est arrive jusqu’en Belgique ; ce sont d’autres courants qui ont abouti en Espagne, dans le Sud-Ouest de la France et dans la région des palafittes.

C’est qu’en effet, pendant que s’opérait en France, sous des influences les unes indigènes, les autres étrangères, une évolution industrielle qui passait par l’aurignacien, le solutréen, le magdalénien et se terminait dans l’azilien, les autres pays lirûlaient des B étapes. Ainsi le Nord-Ouest de l’Afrique avec l’Espagne méridionale et l’Italie allaient de l’aurignacien (qu’on y appelle capsien inférieur) au capsien supérieur d’où est sorti l’azilien. En Egypte et en Asie occidentale, à l’aurignacien succède brusquement l’invasion néolithique, qui ne se propagera que plus taril vers l’Occident.

Il faut faire une place à part, tout à fait au début duncolithique, aux Kjohkenmôddings, que l’on trouve en Danemark et dans quelques autres régions du littoral de l’Atlantique ou même de la Méditerranée. On appelle de ce nom danois des tertres dont la longueur varie de 20 à iioo mJtres, la largeur de 5 à