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JESUS CHRIST

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Ces promesses explicites ont dans les Synoptiques leur éclio discret. Que les disciples jierséeiUés pour le Christ ne se mettent pas en peine de préparer leur défense : le Saint Esprit — vraiment avocat, conseiller, Paraclet — leur suggérera sur l’iieiire ce qu’il faudra dire : Mt., x, 19-20, Lc, xii, 11-12. Qu’ils ne s’inquiètent pas non plus de la mission redoutable qui leur incombe : Jésus leur enverra le « Promis » du Père, le Saint Esprit : Lc, xxiv, ^g.

425. — En quai consista d’abord l’effusion spirituelle qui donna avi ressuscité des témoins invincibies et persuasifs, les 4-cles des apôtres et tous les livres du christianisme ancien nous l’ont dit. A partir de la première Pentecôte, des puissances d’action extraordinaires, des « charismes « furent conférés aux ajiotreset aux disciples qui les entouraient. Le don de parler des langues non apprises, de guérir les malades, d’interpréter les Ecritures, de voir dans les cœurs ; l’esprit de prophétie, la science infuse figurent parmi les charismes principaux. Si large en fut l’elTusion dans les églises primitives que nous voyons saint Paul obligé d’en proscrire les contre façons, d’en régler l’exercice et d’en rétablir la hiérarchie, mise en péril par un retour offensif de l’esprit « animal », trop avide d’éclat humain (I Cur., xir, xiir, xiv). Des traces non équivoques de ces puissances merveilleuses subsistent jusque dans les écrits de saint Irénée et de Terlullien, voire d’Ofigène, pour reparaître ensuite, de loin en loin, dans la vie de certains saints ou fondateurs d’églises.

Le Témoignage ordin^iire inspiré

426. — Il est permis toutefois ou plutôt il est indispensable de chercher, ailleurs encore que dans cei dons sensii)les extraordinaires, [p témoignage du Saint Esprit. Son rôle d’illuminaleur et d’interprèle, prophétisé par Jésus, est avant tout d’expliquer aux fidèles et de gloritier, devant un monde indifférent ou hostile, la personne et la mission du Seigneur.

Œuvre immense, à la considérer seulement dans la génération apostolique, dont la silualion et l’importance sont privilégiées. Vouloir étudier cette œuvre dans la suite du christianisme équivaudrait à récrire, de ce point de vue, une des parties les plus considérables de l’histoire religieuse de l’humanité’. Nous réduisanticià une esquisse, nous ne retiendrons de cette histoire que deux traits essentiels.

Les témoins suscités par l’Esprit Saint, dans la première génération ou depuis, ont, en s’efforçant de poursuivre son œuvre, aimé leur Maître d’un amour <le préférence et d’excellence, de l’amour qu’on doit a nieu. — Mais cette vie affective intense ne s’est pas développée en eux au hasard de leurs attraits, aux dépens de l’unité doctrinale visible, ou sans rapports avec elle. Tous ces héros de l’amitié divine ont eu le sens profond de l’orthodoj ie, gardienne du Christ, et le sens ecctésiaslique, condition de l’orthodoxie. Amour de Jésus par-dessus tout, mais défendu et peipétué daus un corps hiérarchique autorisé, ce sont là les faces compléuientaires ou, pour mienx dire, l’âme et le corps de leur témoignage.

La continuité de ce témoignage n’est pas accidentelle : elle procède d’un dessein providentiel manifeste, allant, au cours de la génération apostolique.

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chapit

. Il y a. pour ce travail, des pierres d’attnnte dans les ipitres de Chrislus et de Où en ett l’Histoire des Religions, coiiceinaiit la reli^^ion chrétienne ; dans le volume ufféient de la h’utiur der Gc^eni^-arl, éd. Paul Hin « k-BEK ( ; , [jartie I, dit « ion’1, t/iV christlichc HeJi^ion, Berlin, 190(i, et dans les mémoires insérés à la fin du Dictinnary of Christ and tin- Unspels, roi. II, Edinburgli, 1906,

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à exprimer ce que fut Jésus et, durant les suivantes, à garder en l’exploitant le trésor une fois conquis.

Le résultat de cette action divine n’est jîas moins admirable : par elle la religion chrétienne a été constituée en religion parfaite, tout ensemble stable et vivante, hiérarchisée et personnelle, une et capable de développement. Là se sont équilibrées, par un miracle moral, les deux grandes forces religieuses apparemment antagonistes : l’autorité et la liberté intérieure. Favorisez uniquement celle-ciet vous allez à la licence individualiste, à l’éniiettement, à l’anarchie. Augmentez celle-là sans contre-poids et c’est, à bref délai, l’extinction de la tlamme spirituelle, le formalisme, le nivellement, la mort. Dans les disciples du Christ s’est réalisée, sous la motiou de l’Esprit divin, l’équilibre assurant à la fois la fécondité de leur vie intérieure et sa perpétuité. Ils ont été des hommes de tradition, d’autorité, respectueux de la hiérarchie, passionnés pour l’unité. Mais en même temps ils ont donné, au prix de tout, une magnifique expansion à leur amour : ils ont défendu jalousement contre les tj’rannies charnelles, contre les retours et les reprises de l’égoïsme, la liberté de leur héroïque effort. Ils ne se sont soumis que pour s’affranchir, renonces que pour se conquérir. Ils ont été par l’humiliation du sens propre à la plénitude de l’inspiration divine.

Quelques exemples aiderontà comprendre cesaffirmalions, sinon à les justifier entièrement. Il n’y faut voir que des échantillons, des spécimens, une ébauche, valant par le sentiment présent des traits innombrables et convergents qu’on y pourrait ajouter.

I. — LB TÉMOIGN.^GK DES PREMIERS DISCIPLES’487. — Paul de Tarse n’appartenait pas au cercle des disciples. C’est une question de savoir s’il vit jamais le Sauveur et la réponse négative est de beaii’coup la plus probable. Dans tous les cas, Jésus n’exerça pas sur lui cette influence personnelle, cette sorte de magnétisme qui crée, autour de certains maîtres, un groupe d’amis passionnés.

Ajoutons que nul homme n’eut, plus que Paul, le sentiment de l’incommunicable dignité de Dieu. Nous avons rappelé plus haut qu’à cette époque la transcendance divine était devenue, pour les Israélites fidèles, le dogme fondamental. La jalousie de lahvé régnait sans partage et la vénération de sa haute majesté allait jusqu’à une sorte de scrupule, dont le texte même de nos évangiles et, à plus forte raison, les écrits judaisants du temps, gardent l’empreinte. C’est ainsi qu’on employait pour désigner le Seigneur, des termes équivalents : la Gloire, le Béni, la Puissance, censés plus respectueux. On n’osait plus écrire ni prononcer son nom. 1 Israélite et fils d’Israélites, pharisien, observateur sans reproche

  • » d’une Loi dont le joug était, pour une bonne

volonté ordinaire, importable, Paul partageait, avant sa conversion, ces sentiments. Il n’eut pas du reste à les abandonner, et novis en avons pour garants ses Epîtres, où des doxologies solennelles 3 accompagnent, à la façon d’une ombre sacrée, la désignation de Dieu,

428. — Enfin Paul fut un « spirituel », au sens le plus fort du mot, un élève docile de l’Esprit de Dieu. Son intelligence des mystères du Christ, abstraction faite d’un fonds reçupartradition apostolique, il professe le devoir à des révélations, et non à l’enseignement des hommes. Le livre des Actes, tout comme les

1., T. Lebreton, Origines, 1. III, ch. Il à vi ; P. Batif-FOL. L’Eglise naissante et le Catholicisme^, Paris, r.113, 2. I Cor.. XI, 2-2 ; l’hil., iii, 5-G. 3, Rom., XVI, 2.5 sqq ; I Tim., 1, 1", etc.