Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 3.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

229

MARIE.

IMMACULÉE CONCEPTION

230

doclrine des siècles précédents se maintienl et parfois luèiue s’accentue. Sur la lin du vm’siècle, saint Tabaise, patriarche deConstantinople (784-806), salue en Marie présentée au temple la fille de Dieu, iniuiaculée, pleine de grâce, toute sainte, oirrande digne de la Majesté divine : « Et comment ne serait-elle pas une oblalion immaculée, pure, sans tache, de la nature humaùie, celle que Dieu a prédestinée avant la ci’éalion du monde, et qu’il a choisie parmi toutes les jjèuérations pour devenir sa demeure exempte de toute souillure ? » In ss. Dei malrem in templum deductam, 0, 13, P. G., XCVIU, 1486, 1494, 1498.

DansuuehoniéliesurlaNativité, lasecondede ce titre parmi les auvres de saint Jean Damascone, mais dont le véritable auteur serait^ d’après certains critiques, saint TuiioDORB Studite (]- S 12), l’orateur, remontant par la pensée jusqu’aux débuts de Marie, s’exprime en ces termes : u Voilà que se construit pour le Créateur de toutes choses le temple dont il sera l’hote… Tous étaient voués à la mort ; mais Dieu, touché de miséricorde, n’a pas voulu que l’homme, formé de ses mains, retombât dans le néant, d’où il l’avait tiré. Aussi a-t-il cicé un ciel nouveau, une terre nouvelle,.., la bienheureuse et mille fois bénie Vierge Marie…, terre où l’épine du péché n’a jamais poussé…, terre non point soumise à la malédiction, comme la première, mais sur laquelle la bénédiction du.Seigneur s’est reposée, et dont le fruit est béni…, chair morte au péché…, livre fermé où nulle pensée de corruption n’a imprimé sa trace…, bois incorruptible que le ver du péché n’a jamais rongé. » Hom., 11, In Naiivit., i, 4, 5, 7, P. G., XCVI, G80, 683 s., 689 s., 692 s.

Témoin relativement plus important, l’orgueilleux patriarche de Coustanlinople qui, le premier, brisa ollieiellemenl avec Rome et prépara les voies au schisme définitif de plus lard, Puotius(-]- 891) ne parle pas autrement i(ue ses prédécesseurs, pas autrement non plus que son adversaire, Nicétas David de Paphlagonie.

« Anne arrête dans son sein le torrent du

péché et de l’iniquité… En ce jour naît celle qui, Mère de Dieu selon la chair, est sa lille selon l’esprit de sanctilication. » Ainsi parle Nicùtas, Oral., i. In diem natalem ss. Dei « enitricis, P. G., CV, 22, 23. El Paoïius de faire écho : « Eu ce jour, la Vierge Mère naît d’une mère stérile, et le palais se prépare pour la venue du Seigneur… En ce jour, la Vierge sort de flancs inféconds, et le péché jusqu’alors fécond est frappé de stérilité… Proférons des cantiques d’action de grâces : Adam est renouvelé, Eve nous est redonnée. » Iloni., i, Inss. Dei genitricis natalem diem, P. G.. CI, 550. 555. A ce texte s’en joindraient d’autres, où le cardinal Hkhcenhoether, l’hotius l’atriarch von Constantinvpel, Ralisbonne 1869, t. 111, p. 555 s., juge « l’exemption du péché originel, le Iirivilège d’une conception immaculée sulBsamment indiqué ». Aussi ajoute l-il : « Le seulinienl de l’hotius est bien éloigné de celui des Grecs de maintenant, lesquels, oublieux de leurs Pères, se raillent de la définition du 8 décembre 1854. »

Qu’aurait dit l’éuiinent historien, s’il avait eu con naissance de deux homélies sur 1 Annonciation,

. publiées pour la première fois à Constanlinople en

1901 par S. Aristarkks et utilisées par le K. P. Ju ciiB, Phutiu.t et l’Immaculée Conception. Toute la doc , trine jusqu’ici recueillie se retrouve, condensée, dans

, les extraits donnés en cet article : absence de tout

. péché et de tout mouvement de ! *i concupiscence ;

I pureté absolue de l’àme et du corps, qui rend Alarie

; digne d’être choisie comme Mère du Rédempteur et

I coopératrice de son œuvre ; prédestination spéciale,

en vertu de laquelle Dieu la prépare à son rôle futur

dès avant sa naissance. Et.Marie nous est présentée

comme la lille immaculée de notre race, rcû <//£Ti/ ; sy /ivoji’/-jjM/iii Sj-/v.rnp. Expression d’autant plus signilicative chez Pholius que, dans un passage de la seconde homélie, il oppose ce chef-d’œuvre de la nature humaine à cette même nature souillée par la tache originelle : « L’archange va vers Marie, la (leur odorante et immaculée de la tribu de David, le grand et très beau chef-d’œuvre de la nature humaine, taillé par Dieu lui-même. Celte Vierge cultive les vertus, pour ainsi dire dès le berceau ; elles croissent avec elle, sa vie sur la terre est digne des esprits immatériels. .. Aucun mouvement désordonné vers le plaisir, même par la seule pensée, dans cette bienheureuse Vierge. Elle était tout entière possédée du divin amour. Par cela et par tout le reste, elle annonçait et manifestait qu’elle avait été véritablement choisie pour épouse au Créateur de toutes choses, même avant sa. naissance… C’est ainsi que la Vierge mena une vie surhumaine, montrant qu’elle était digne des noces de l’Epoux céleste, et donnant l’éclat de sa propre beauté à notre nature informe, qu’avait souillée la tache originelle. » M. Jlgib, lor, cit.

Quelques lignes empruntées à un auteur arménien qui brilla sur la Cn du x’siècle, Grégoire di : Nareg (ySi-ioii), confirmeront l’unité de croyance. Dans un discours sur les louanges de la Vierge, i ; l’j, ig, il salue en la sainte Mère de Dieu a la gloire ineifable du premier père dépouillé, la consolation et la réparation d’Eve tristement déchue, la régénératrice du genre humain tombé sous la malédiction…, la fille sans péché de notre première mère pécheresse ». S. GuilGoiRE Narécatzi, Œuvres complètes, p. 827 s. Venise, 1827. Aussi, avec quelle confiance il a recours à cette puissante protectrice, en s’appuyant sur sa pureté même : « Au milieu de tant d’angoisses. .., je l’implore, ô sainte Mère de Dieu ! Ange d’entre les hommes, chérubin visible en la chair, souveraine du ciel, pure comme l’air, chaste eomnje la lumière, immaculée à la ressemblance de l’étoile du matin dans les hauteurs du ciel ! … En raison de la pureté sans tache et de la bonté sans souillure, eu raison de la sainteté inaltérable, intercède avec clémence ; reçois les prières de celui qui a confiance dans tes requêtes. » Nareg-Precum, Discours Lxxx, p. 421 sq. Venise, 1827 ; traduction de Félix NÈVB, L’Arménie chrétienne et sa littérature, p. 267, Louvain, 1886.

4. Â « purification de Marie et la notion du péché originel chez les Pères grecs postéphesiens. — Une doclrine déjà énoncée par saint GrÉ(h>irr de Xazianzk et autres docteurs, au sujet de la iiurification de la Mère de Dieu au jour de l’Annonciation, se retrouve dans la période postéphésienne et donne lieu à la même objection. Les Grecs modernes se réfèrent parliculièremenl à l’aulorilé de Jean Damascène, De fide orlhod., 1. III, c. 11, P. G., XClV, 986 :

« Dès que la Vierge sainte eut donné son consentement, 

le Sainl-Esprit descendit surelle ; il la purifia, xuO’xip’yj a.

r, -i, et lui Communiqua la force de recevoir la divinité du Verbe et d’engendrer celui-ci. >i De même, Adversus Nestor, h’ieresim, 43, P. G., XCV, 221, et Ilom. I, In dormit., P. G., XCVI, 704, où les idées de purification et de sanctification sont associées, ixv.Or, pé TE xvl V/’=< «. SoPHRONB dit également :

« La Vierge sainte est choisie, elle est sanctifiée dans

son âme et dans son corps, avA oùy.v. y.’A -h^y/.t â/tséÇerai, et c’est ainsi qu’en vierge pure, chaste et intégre, elle coopère à l’incarnation du Créateur. Epist. srnod., P. G., LXXXVII, 3161 ; à rapprocher de l’édil de l’empereur au troisième concile de Constanlinople : T : pc<n0 « p611’jni i’^'/ : -’'"-’» &// « tw n>5’J/iRTi. Majs’si, Sacrosancta Concilia, t. XI, col. 701.