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MOÏSE ET JOSUÉ

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est prêt à venir vers les siens pour les bénir et. sans doute, pourl-eoevûir leurs homiudges, dans lousles l.eux qui seront consacrés par ses interventions et son souvenir. C est, on le voit, l’allinnation de la légiliniite des sanctuaires mullit, les. Dans ces lieux de culte on olèvera, pour y oûiir les holocaustes et les s ;.criliLes paciliques do menu et gros bétail, des autels laits de terre ou de pierres non dégrossies ; ils ne comporteront pas do degrés. -..=) Ueut, xii,.-14. L idée principale de ce passage est que les Israélites ne devront avoir Tiuun seul lieu de culte, que ahweU prendra soin de déterminer là, et là seulement, pourrout s’accomplu- les actes spéc liqueinent rituels. Une diUérence est établie entre le te’iips où la loi est formulée, pendant lequel chacun suit uniquement les directions de sa conscience, et la période à laquelle le sanctuaire sera édiùr au lieu choisi par ahweh. Le précepte est fondaaienUl dans la législation deuteronomique et on y revient en une série d’ordonnances de détail : XII 17-19. 26-28 ; XIV, 22-27 ; ^*">’-8. 9-’^i 13-15, iG-17 ; ivi’i, S-13 ; xviii, G-8 ; xxvi, i-ii. — -/) Lorsque après leur entrée en Terre Sainte, les Israélites concentreront leurs adorations autour du seul lieu de coite, ils ne feront autre chose, selon une autre s. ; rie de documents, que continuer ou reproduire ce qui existait déjà au désert. Au cours des migrations en effet, les liturgies ne se développaient qu’autour du tabernacle ou sanctuaire portatif et de l’arche qu’il renfermait. Ejc., xxiv, 15’-xxxj, 1 1 et xxxv-xi, contiennent les prescriptions relatives à la construction de ce lieu de culte et le récit de leur exécution ; ic Li-iiti ; ue est presque tout entier consacré a la régleinentalion dos rites qui s’y doivent accomplir (cf. aussi. "/M., 1, 48-53 ; 11, i-x, 10 ; xvi-xix [xvi seuiemenl en partie] ; xivi, ô^-Ca ; xxviii-ixx, une série de législations complémentaires au sujet de ce même tabernacle). ô) Si, appliquant la théorie du développement,

on compare entre elles les législations A’E.r.. xx, 22-26 et de Driti., xii, on ne peut manquer de conclure à la priorité clironologique de la première. Le précepte deutéronomique est un précepte de stricte observance, de rigoureuse orthodoxie ; il est d’ailleurs on ne peut plus favorable a la sauvegarde de la pureté du culte, à la vigilance et au contrôle qui sont si utiles pour, maintenir les liturgies à 1 abri de toute intrusion de paganisme. On n’aurait jamais abandonné ce précepte, dans les milieux d’observance, pour lui en substituer un qui, l’histoire le prouve, devait être, en Juda {Jcr., II, 20-25 ». 25 ! >-28 ; m. 2. « i. 9, 13, 21, aS, 24 ; vii, 17, ij>, 30-34 ; xiii, 27 ; etc.) aussi bien qa en Israél [Am., iv, 4, 5 ; v, 4, 5 ; vu. 9 ; viii, 14 ; ix, i ; Os., iv, isiy ; v, 1-7 : vi, C-10 ; VIII, 1-7 ; etc.). fécond en toutes sortes d’abus. Au cmtraire, on envisagerait facilement l’ordonnance concernant l’unité de sanclu ; iiie à la façon d’une réaction contre les inconvénients qui, à certaines époques surtout, étaient la conséquence de la loi trop libérale du C’.de de l’alliance. — e^ Or l’uistoire vient confirmer point par point cette remarque. Nieme après la construction du temple salonioiiieu et longtemps encore, les chefs d’lsrai-1 agissent comme si le précepte d’£.r., XX, 22-n6 était seul on vigueur. Des rois pieux, dont quelques-uns très zélés pour la réforme des abus (I Heff., XV, 12. 13 ; xxii, 47). no songent en aucune manière à détruire les hauts lieux que les Israélites ont élevés en l’iionneur de Yahweh (I Hes ;., xv, 14 : xxii, 44 : Il H’-g-. xii, 3, 4 ; xiv, 3, 4 ; XV, 3, 4. et 34, 33). Si, d’autre port. Jéroboam 1 « - etses successeurs complètent le schisme politique par un schisme religieux, ce n’est pas du seul fait qu’ils favorisent les sanctuaires de Béthel et do Dan ; c’est, d une façon très précise, parce qu’ils s’efl’orcent de détacher les Israélites du grand sanctuaire national de Jérusalem (1 Reg, xii, 26-30j. Des prophètes d’ailleurs, et des plus illustres, un Elle par exemple li Re£^, , xviii, 30-33), vont jusqu’à rétablir les sanctuaires de Yahweh que leurs adversaires ont abattus. Aussi bien, les fils d’Israël se croyaient autorisés à ces pratiques par des exemples venus de très haut ; quand ils écrivaient l’histoire de leurs ancêtres, ils aimaient à raoutrer les patriarches consacrant les sanctuaires en honneur par leur dévotion, ou même à leur en attribuer l’ofigine (Gen., xii, 7, 8 ; xni, 4^ ^xi, 33 ; xxii, 9 ; xxvi, 25 [cf. XLvi, i] ; xxviii. 10-22 [cf. xxxi, 13] ; xxxi, 46-54 ; xxxiii, 20 ; XXXV, 7, 14)- — Çi II en fut ainsi jusqu’au déclin du vin" siècle. Encore la réforme réalisée par Ézéchias (Il Re^, xviii, 4’n’eut-elle p.is d’effet durable. L’œuvre ne fut reprise que la dix-liuiiième année de Josias( 622) après que l’on eut découvert au Temple ce « livre de l’alliance » (Il Re< ;., sxii) que tous les critiques identifient avec ie Deiiteronome. Tous les hauts lieux furent abolis, tous les objets de culte communs aux Israélites et aux Cananéens

furent détruits (cf. Deul., xii, 2-4) ; Josias étendit sou action reformatrice partout où il put faire recoiinaitre son autorité (Il Ueg., xxiii, 1-241. C’est ainsi que, par cette découverte et j>ar cette réforme, prenaient lin les désordre^ quo, depuis deux siècles, les prophètes Jenonçiiient comme coalaiiiinant la vie religieuse de Juda aussi bien que d’Israël. Il va de soi qu’au sentiment des critiques, la première entrée eu vigueur du Deutcrouonic coïncide avec la réforme de Josias et que sa découverte n’est que de très peu de temps postérieure a sa composition. — ï ; 1 La nouvelle loi se réclamait d une origine divine et du nom de.Moïse ; son existence était ainsi reportée aux débuts mêmes de la nation. Dans la troisième série de te.vtes que nous avons rapportée [vid. supr, y), on a plus loin. Cette loi apparaif en vigueur même pendant les migrations du désert. A cette date, le tabernacle tient la même place que le temple de Jéiusalem occupera plus tard. De la sorte, le culte des hauts lieux a beau paraître appuyé par les exemples des patriarches ; il est opposé, non seulement à la loi divine, mais à la pratique des temps de la plus grande ferveur yvm., v, 25 : Os., xi, i, 3, t^ Jer, , 11, 3, 3. Toutefois on remarquera que, dans les ordonnances relatives au tabernacle portatif, la loi de lunité de sanctuaire n’est pas l’objet d’une prescription explicite ; elle est plutôt tenue pour acquise, présupposée ^cf. Lei-., xvii, 1-9). ^Vellhau5en en conclut que le Code sacerdotal suj)pose déjà réalisée la fin poursuivie par le Deutéronome, qu’il veut encourager la fidélité à une pratique déjà en vigueur, montrer jusqu’à quel point elle s harmonise avec les usages suivis aux temps nù la volonté divine était la mieux observée. Comme c’est seulement après l’exil que la loi de lunité de sanctuaire fut appliquée sans défaillance, c’est jusqu’à cette période qu’il faut reparler la composition du manuel liturgique suivi au désert.

30- — b) Dt/j’èrent es dans la présentation des mêmes faits historiques. — Wellhausen s’étend beaucoup moins sur ce sujet, dans l’article de V Encyclopædia Bihlica, que sur celui de la législation. — « ) L’étude et la comparaison des sources aboutit à constater la parfaite correspondance qu’elles présentent entre elles, quant à l’arrangement de la matière historique qu’elles renferment et quanta de nombreux détails ; c est précisément à cause de cette parité des récits qu’il a été possible de les unir si étroitement dans un livre. La reaUté est que ces documents apparaissent comme des reprises successies de la tradition historique, en manifestant le développement graduel. — ; 3) Or ce que l’on constate, c’est qu’en reprenant les mêmes événements, chaque documeat a sa manière propre et très nettement caractérisée de les raconter. Il est inutile de développer cette considération sur laquelle nous aurons immédiatement à revenir.

a° Documents et travail rédactionnel

SI. — Les principes que nous venons d’exposer ont ëlè retenus par les disci[des de W’clihausen, c’est-a-dire par la très grande majorité des représentants de la Haute Critique. C’est sur ces principes qu’est l’ondée la distinction des documents généralement admise ; Elohiste, Yaliwistc, Ecrit deuteronomii /ue. Ecrit sacerdotal. Assez nombreuses l<.)utefois sont les divergences de détail ; on comprend sans peine que nous les négligions pour nous en tenir à une vue d’ensemble. En celle-ci nous nous inspirerons volontiers du dernier travail un peu compréhensif qui ait paru sur le sujet : Lehrbuch der Einleitung in das.itte Testament de Cari Stelerxagel, professeur à l’Université de Halle ; des notes signaleront à l’occasion les divergences un peu notables des autres critiques.

33. — A. Avant les documents. — a’Aucun de nos documeuts ne remonte jusqu’à l’époque des événements qu’il raconte, même quand il s’agit des faits do la période mosaïque. Tous reposent sur des traditions orales. — b) Ces tradi-~ lions étaient d’origine populaire. Ayant pris naissance autour d’un souvenir local, s inctuaire. source, etc., ou encore d’une institution particulière, elles avaient un caractère épisodique et fragmentaire. Remontant à des dates dilTéreutes, elles portent lempreinledu milieu intellectuel, moral, religieux de ces diverses époques. De là ; tant de différences de f rme (simples lisles généalogiques, avec ou sans notices intercalées ; petits récits : anecdotes plus développées, mais encore très sobres ; histoires riches en détails ; etc) ; les niveaux divers des eonceplions théologiques (anthropomorpbismes naifs de certaines ajiparitions ; anthropomorpbismes plus relevés ; Dieu restant inisible et transcendant, tout en se’servant d’intermédiaires pour apparaître aux hommes ; etc.) ;