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moïse et josue

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sacrifices (Aec, xvn), à tirer les conséquences delà concentration (lu culte en un seul lieu. Les prescriptions d’ordre moral, les censures des cultes étrangers, en attestant leurs rapports étroits avec le code de G22, invitent à traiter comme antérieures à l’exil les plus anciennes sources de Pli et leurs premiers groupements. Kn revanche, l’importance attribuée aux sabbats, notamment dans l’homélie finale (Aec., xsvi) indiquent que le dernier coUectionnement a été fait au cours de l’exil ; l’insistance sur les régies de pureté témoigne d’un milieu sacerdotal. Si aujourd liui 1 on renonce à bon droit à attribuer cette œuvre à Ezechiel, il faut maintenir qu’elle s’est réalisée en des cercles soumis à son influence ; on peut des lors songer aux abords de.'> ;  ! o'.

48. — c) L'élément fondamental de P (Pg ; g=^^rùrtdlich) est un grand récit bistoriquo s'étendanl, h la façon de ceux de J et de E, depuis la création jusqu'à rentrée en Terre Promise. Mais, dans cette histoire. Pg se place à un point de vue tout à fait spécial ; ce qui l’intéresse avant tout, c’est le culte et ce <[ui concerne les origines des institutions religieuses. Aussi s’attache-t il surtout a la période m osaïque. aux directions cultuelles que Dieu donne à MoVse, insistant, tantôt sur la perpétuité des ordonnances, tantôt sur lo caractère idéal des pratiques du désert, qui devaient être remplacées dans la suite. Pour les périodes antérieures, sauf quand les origines liturgiques sont on jeu, Pg se contente de généalogies, de séries chronologiques, de maigres narrations. Bref, sous le revêtement d’un récit historique, il donne avant tout une instruction sur le culte.

— d) Non seulement Pg fait son choix dans les matériaux qui sont à sa disposition, mais, lui aussi, a sa matiière de les utiliser. Il a ses principes, celui-ci, en particulier, que iMoVse a du régler et en partie faire pratiquer les ordonnances qui seules lui paraissent légitimes. Il a ses cadres, qui lui font ramener l’histoire à deux périodes : celle do la préparation (avec ses trois étapes : I. avant toute alliance ; il alliance noachique [que no connaissaient pas J ctE] ; 111. alliance patriarcale) ; celle des réalisations, ou période mosaïque. — e) Il a ses conceptions théologiques, notamment son idée de la transcendance divine, qui l’amène à supprimer des anciens récits une multitude d anthropomorphismes. Il a ses idées morales, spécialement ses préoccupations de purification, se traduisant par une multitude de rites expiatoires qui donnent limpression de perpétuelle culpabilité dans la communauté ; on notera d’ailleurs qu’il ne s’agit pas seulement d’infractions rituelles, mais souvent aussi de transgressions d’une plus haute portée.

— f) Ces inlluences diverses contribuent à éloigner de plus en plus l’auteur de l’exactitude historique. Sans doute il a utilisé des sources. C’est, avant tout..1 et E, soit encore isolés, soit déjà combinés dans JE. Certaines divergences supposent l’existence d’une autre source ; c’est elle qui lui a imposé, par exemple, la création en huit actes, qu’il a fait entrer violemment dans son cadre des six jours. Mais, même quand il utilise VElo.'iiste (les traces de.1 sont plus rares ; on ne suisit aucune trace do D-), les libertés qu’il prend aboutissent à créer de sérieuses divergences ; c’est ainsi qu’il supprii.ie toute trace de culte avant Moïse, qu’il crée de toutes pièces certains épisodes Geii.. ix. i-i^ ; xvii'). Aussi ne doit-on pas se laisser impressionner parles traits d'érudition qu’on rencontre en son œuvre ; cadres généalogiques ou chrotiologiques. détails techniques, dates des événements notables, etc. Toute cotte exactitude n’est qu’apparente ; qui peut croire, par e.xeraple, à l’exactitude delà chronologie des patriarches antédiluviens, ou admettre que 2.600, 000 hommes, sans parler des animaux, aient pu vivre dans la péninsule du Sinaï? — j^) Pg est certainement postérieur au Dcuteroiiome. îl ne s’explique que comme une conséquence de la grande réforme de 62a. Il l’encbérit sur les prescriptions alors mises en vigueur, loi de l’unité de sanctuaire, système Iiiérarcliique, système sacrilieiel. etc. L’importance attribuée à la technique liturpique conduit à la même conclusion : en consacrant d’une façon si solennelle et si exclusive les

1. S’il est probable que la mi.jorîté des critiques regraido actuellement la Loi de saintrté comme postérieure à E/.écbiel, il y a néanmoins quelques dissonances. Aux yeux de plusieurs e.vég'ètes de même école, non seulement divers éléments du code, lïiuis ea rédaction elleméniô avec 1 liomélie iinule (iec, xxvi) seraient antérieurs au jfrnnd prophète de la captivité et pourraient remonter aux dernières années de la monarcliie (cf. S. R. Dhiver, Intr, >duciion…, 9* éd., p. 145-152 ; Driver est lui-même de cet avis).

usages du temple hiérosolymitain, on nous transporte à une date où ils sont les seuls légitimes dans le seul sanctuaire légitime. Autant déconsidérations, sans parler de beaucoup d’autres, qui nous amènent après l’exil. D’autre part, le terminus ad qui-ni nous est fourni par le récit de : Ve/ ;., vui-x. Il faut, en elTet, admettre qu’entre autres éléments, la loi promulguée par Esdras renfermait les couches jjrofondes de Pg. Or. M. bleuernagel place la grande assemblée en 444^C’est do Babylonio, que le pretre-scribe apportait cette loi en 48 [Esdr ^), mais il n’en était pas l’auteur ; trop grandes sont les différences entre le style de ses Mémoires et celui du document qui nous occupe. On peut penser que, vers 500, le rétablissement du culte à Jérusalem suggéra à un prêtre juif de Chaldée l’idée de proposer la pratique (idéale) des temps mosaïques comme le modèle à suivre. Ce qui fut l'œuvre d Esdras et ce qui lui valut le titre de scribe dans le lirman d’Artaxerxès [Esdr.^ vii, 1 1 [cf. vii, 6]), ce fui sans doute la fusion de Pg et do Ph ; la comparaison de AV//., viii, 14 sv. avecZ.i ?t'., xxui, 34-43 sv. ne permet pasde douter en tout cas que cette combinaison fut opérée lors de la grande assemblée'-'. — h) Au point de vue du style, Pg a ses procédés caractéristiques. Il a le goùl du schéma, du tableau synoptique, dos divisions et des subdivisions. L’histoire prémosaïque, par exemple, est divisée en dix sections ayant [lour litres : « Voici les générations de (^ô/'t/'^oï)… « Quand la ioléd^'âh ne concerne qu un seul personnage, elle ne commence qu’après la mort de son père ; son histoire antérieure fait partie de la tùléd^'àh qui précède (cf. Gen., xxxvii, 2, pour Ihistoire de Jacob). Si qs iôU-d^'ôi^' se rapportentà plusieurs personnages (Esaû et Jacob" ! , celle du principal d’entre eux ne vient qu’en second lieu. Sur les autres particularités de style et sur celles, elles aussi très saillantes, du vocabulaire, cf. les Introduciions,

43. — i) La fusion de Pg avec Ph entraîna dans l’un et dans l’autre diverses retouches Mais Ph ne fut pas !e seul complément que reçut Pg ; Il lui en vint bien d’autres. Ce sont d’abord des sections légales nettement tranchées et elles-mêmes composites : la loi des sacrifices (Po ; o = Opfergesetz ; Lcu.^ ï-^^O » 'î^^ sépare deux sections historiques étroitement unies par leur, contenu (É'x., xxxv-xl et Lcf'., vni) ; la loi de pureté (Pr ; r = : Reinheiisi^esetz ; Let'.^ xi-xv) qui rompt la connexion entre Lev., x etZ, et'., XVI. Viennent ensuite les innombrables fragments de toutes sortes groupés sous les sigles Ps (s= secundares) et Rp (= Rédacteur [final] du Peniateuqne)^. Dans le domaine des législations, qui presque toutes ont trait au culte, ces additions, relatives à l’organisatioïi du sanctuaire, à la sainteté du personnel, au calendrier des fêtes, aux sacrifices, ont pour but de mettre sans cesse à jour le programme de Pg, en le précisant, le complétant, parfois aussi le modifiant ; elles tendent à une codificalion de plus en plus parfaite des manifestations extérieures du cuite, auxquelles elles attachent une importance sans cesse croissante. Il est facile de les répartir en couches successives, mais leurs auteurs appartiennent tous à la même école et aux mêmes milieux sacerdotaux. Pans les récits, les compléments sont d’espèces très variées, d'étendues très diverses ; mais il est rare qu’ils ajoutent quelque chose de substantiel à l’histoiro. — /) Quelles que soient les dates des éléments qu’elles consacrent, aucune de ces additions ne peut être antérieure à la constitution de Pg (vers 500). Plusieurs d’entre elles ont pu être faites par Esdras lui-même. Toutefois divers traits du récit de.VeA., VIII, des engagements rapportés par AV/i., x, 29 sv. (Vulg. 28 sv.), montrent que nombre de ces suppléments sont postérieurs à la promulgation de la Loi (444). Ils se sont

1. Cette date n’est pas à l’abri de tout conteste. « L’an 7 d’Artaxerxès y) (Esdr, , vii, 7) pourrait se rapporter au règne d’Artaxerxès II (398), et il n’est pas inadmissible que telle soit la date de la première venue d’Esdras à Jérusnlcm (cf. J. Touzahd, Les Juifs au temps de la période persane, p. 5^-77).

2. Noua avons noté plus baut qu’un groupe de critiques continuait à placer le Code Sacerdotal avant l’exil. En dehors de ce groupe, on adopte assez généralement, abstraction faite de ce que nous avons dît de la Loi de sainteté, une datation voisine de celle de M. Steuernagel. Rares parmi les critiques sont ceux qui attribueraient à Esdra.'5, comme le faisait Wellbausen, la promulgation d’un Pentateuque substantiellement complet (JEDP).

3. Beaucoup de critiques sont plus sobres de distinctions que M. Steuernagel et ne multiplient pas nu même degré les couches et additions secondaires.