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PAPAUTE

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L’impératrice lâcha au moins d'éviter une lutte ouverte avec le Saint-Siège. — Mais à partir de sa mort et du règne exclusif de Josupu II son fils aîné (i^So-i^yo), le fébronianisme devint le « josépliisme », qui paraissait marcher vers le schisme d’une iiglise nationale. Sans jamais en référer au Pape, l’empereur « sacristain » règle minutieusement le culte ot la liturgie, donne aux évêques le droit d’absoudre des cas réservés au Pape, soumet leurs mandements à son placet, prétend les faire évéques sans que le Pape conûrme l'élection, enfin délimite les diocèses à son gré. Le voyage de Pie VI à Vienne obtient peu de chose, et pas pour longtemps. Dans samaniede centralisation àoutrance, Joseph II supprime tous les séminaires pour l’instruction et la formation du clergé, et les remplace par cm

« séminaires généraux » à Vienne, Pesf, Fribourg, 

Pavie, et enfin Louvain en 1786 ; ils seront sous la tutelle de l’Université du lieu, et de fait sous la main de l’Empereur. Il abolit toutes les confréries, supprime plusieurs ordres religieux, et dans les autres un grand nombre de monastères, puis s’empare de leurs biens. Ce n'était du reste qu’une imitation des faits et gestes de la commission des magistrats du Conseil d’Etat sous Louis XV et Louis XVI pour la I réforme des Ordres religieux », laquelle avait supprimé en France, sans l’autorisation du Pape et malgré les réclamations des évêques, les Servîtes, les Gélestins et plusieurs autres Instituts, et disposé de toutes leurs maisons et biens.

Vers la lin de la vie de Joseph II, le mécontentement grandit, la majorité des évêques de l’empire résiste et quand l’empereur veut abolir le célibat ecclésiastique, la résistance se généralise. En Belgique, où l’archevêque de Malines, par l'énergie de sa Déclaration doctrinale, venait d’empêcher l'établissement du n séminaire général ï, il } eut un véritable soulèvement. ( ; niiNON, loc. cit-, p. 832, sq. ; Picot, p. Tj ! , sq. ; 170 ; I yg sq. Assez sur Joseph H, personnage très connu.

4°) Italie. — Nous parcourrons rapidement i) la république de Venise, 2) le duché de Milan, 3) le duché de Parme et le royaume de N’aples. Enlin 4) nous insisterons longuement sur le grand-duché de Toscane.

i) La Hépiihlifjue de Venise. — L'édil sur les ordres religieux, rédigé et publié en mars 1768 par les magistrats du Conseil de Louis XV, indépendamment du Pape, fut imité dans cette indépendance et dans plusieurs de ses dispositions, en septembre de la même année, par une ordonnance du sénat de Venise : nul ne pourrait prendre l’habit avant 21 ans accomplis ; le noviciat, les vœux et les éludes de tous les religieux ne pourraient se faire que sur le territoire de la république, etc. Clément XIII réclama et, bien que Vénitien lui-même, ne jjul rien obtenir ; Picot, t. IV, p. 261.

2) Le duché de Milan (appartenant à l’Autriche). — L’impératrice Marie-Thérèse, malgré les remontrances des évêques de Lombardie, auxquels son représentant voulait interdire tout usage d’une bulle de saint Pie V, soutint l’inlerdiclion par un édit d’octobre 1768, 0Il dès le début, suivant la remarque de Picot, on reconnaîtra les principes et le style de nos parlementaires : u Les ordonnances ecclésiastiques qui excèdent les bornes de la /tare spiritu^dité et touchent aux objets temporels, politiques et économiques, ne peuvent, sans le consentement positif du prince, en qui seul réside la souveraine puissance législative pour tout ce qui a rapport à la société civile, devenir obligatoires pour les sujets ; on doit regarder comme nulles et illégitimes toutes celles qui sont dépourvues d’acceptation légal » « , etc.lbid., p. 286.

3) Le duché de Parme et le royaume de Xaples, deux cours bourbonniennes. — A Parme, en l’jôS, sous le jeune duc Ferdinand, on imita naturellement ce qui se faisait alors en France sous le chef de la maison de Bourbon. « On vit un magistrat (le surintendant royai) et ses assistants laïques s’arroger sur les églises, sur les ecclésiastiques et sur leurs biens, un pouvoir arbitraire, porter des décisions sur l’administration des sacrements… On les vit diminuer.et entraver la puissance des évêques, menacer fréquemment de la prison et de l’exil les prêtres qui résistaient à leurs entreprises…, défendre aux ecclésiastiques, aux universités, aux couvents, sans aucune exception, de porter leurs causes, même ecclésiastiques, au Saint-Siège, à moins d’en avoir obtenu l’autorisation de la puissance séculière… On défendait de recevoir aucun ordre ou rescrit du Saint-Siège sans l’ej-ei/HatHr du prince. » Picot, p. 276. — Quant à la cour de A’aples, a elle employait (contre le Pape) mille moyens odieux que Choiseul lui-même ne voyait qu’avec dégoût et mépris. » Ihid., p. 283.

4) Le grand-duché de Toscane. — Il y a lieu de s’y arrêter bien davantage, soit parce que le grandduc Lkopold, qui le premier a troublé cette principauté jusqu’alors paisible, professait ouvertement l’imitation de notre magistrature janséniste, soit parce que son synode de Pistoie résume les dernières formules et la suprême évolution du régalisme janséniste et ultra-gallican à la veille de la Uévolulion française, soit enfin parce que le Saint-Siège a condamné d’une manière très nette les doctrines et les prétendues réformes de ce synode, par la bulle Auctorem fidei.

Nous donnerons : n) Quelques détails préliminaires sur Léopold et son principal instrument, l'évêque Ricci. — /') Les 07 articles ou » points ecclésiastiques » du grand-duc, contenant ses idées sur les réformes religieuses à faire. Leur origine. — c) Historique du synode diocésain de Pistoie. — d) Historique de l’assemblée épiscopale de Florence, oiisont plus sérieusement discutés et mieux jugés les 5^ articles de Léopold. — e) Condamnation par Pie VI de beaucoup d’erreurs et de réformes blâmables du synode de Pistoie.

a) Détails préliminaires sur Léopold et Ricci. — LÉOPOLD, grand-duc de Toscane dès 1^63, frère de Joseph II auquel il devait succéder en 1790 sous le nom de Léopold II, commença avant lui à usurper les droits de l’Eglise. A l’imitation des concordats que venaient de faire plusieurs cours de l’Italie du Nord, des négociations avaient été engagées en Toscane avec Rome : mais un haut magistrat, Rucellai, persuada à Léopold que la voie des concordats était dangereuse, qu’il valait mieux rompre les négocialions, et statuer de sa propre autorité. L’influence de nos parlemenlairesapparait visiblement, soildans cette manière de se passer de Rome en matière religieuse, comme Joseph II le fera à son tour, soit dans l’engouement pour lejansénisine, donl le grandduc se fit bientôt l’introducteur parmi ses sujets, soit enfin dans la lettre qu’en janvier 1780 il adressa aux évêques de ses Etats sur la Police extérieure de l’Eglise ; formule fameuse, empruntée au parlement de Paris, qui l’avait imposée à Louis XV et s’en était constamment servi pour envahir le domaine spirituel. De même la lettre de Léopold donnait des principes sur les ordinations, sur l’adminislrationdes paroisses, sur les tribunaux ecclésiastiques, sur les dévotions, surlesordres religieux, etc. Il y était défendu, entre autres choses, de « porter hors de l’Etat » — c’est-à-dire à Rome — les causes même ecclésiastiques parleur nature.

La même année 1780, il nomma Scipion Ricci