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TRANSFORMISME

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née de toules le » espaces, même supérieures, et celle de leur création pnr une puissance ilivine queèuunqae. Clés deux hypothèses sont aussi ex’rascienlitique.s l’uæ que l’autre, nous ne p r Irons pas plus notre temps à les discuter que ne fer.ii t un physicien pour une théorie basée sur la non-conservation >le l’ouer^ie. [La ttruclare du protoplasme el l’hérédité, p. 204). Et ailleurs : Que les espèces soient nées les unes des autres, ce n’est pas là seulement u ; ie déduction qui s’appuie sur des faits, car les faits pourraient être contestés ou interprété* d’une façon différente, mais OM notion qui s’impose à notre esprit comme la seule aeceptal>le, dès le moment où nous avons abandonné lu théorie de la création surnaturelle. (Dei.agk et GoLnSJilTB, I.c-s théories de l’évolution, p.).

Mais nous avons déjà dit qu’on dehors du camp dus inoniste-i, de nombreux savants spirihia’isles et théistes rejettent, eux aussi, l’hypothèse de la création immédiate par Dieu des êtres vivants actuels. Ils s’appuient pour cela sur des arguments particuliers, dont nous aurons à examiner plus loin la valeur, mais ils font également valoir une preuve générale, tirée non plus de l’impossibilité absolue de toute création (ils admettent la créa’.ion du monds par Dieu, ainsi que celle dosâmes humaines), mais de l’invraisemblance d’une intervention créatrice à 1 origine des êtres vivante, tels qu’ils se révèlent à nous dans la nature.

Un paléontologiste éminent, le P. Tmiliiahd de Chardin, a eu le mérite de présenter cet argument avec une netteté et une vigueur de pensée qui ne laissent place à aucune ambiguïté.

Quand bien même les fixistes arriveraient à préciser d’une façon arbitrage, le. nombre et la place des coupures créatrices (quand même ils ne demanderaient qu’une seule coupure), ils Se : heurteraient à une difficulté fondamenta’e : l’impossibilité où se trouve notre espiit de concevoir dans i’o, dre des phénomène » un début absolu. Essayez de vous représenter ce que pourrait être, dans la nature, l’appariiion intiusive d’un être qui ne naîtrait pas d’un ensemble de circonstances physiques préexistantes. Ou bien tous n’avez j i tuais étudié un objet réel, ou bien vous renoncerez à une tentative dont vous verrez positivement la vanité. Dans notre univers, tout être, par son organisation matérielle, est solidaire de tout un passé. Il est essentiellement une histoire. Et par cetts histoire, pur cette, chaîne d’antécédences, qui l’ont préparé et introduit, il rejoint sans coupure lemilieu au sein duquel il nous arp. irait. La moindre exception à cette règle bouleversait l’édifice entier de notre expérience. [Etudes, t. CLXVM, p. 543).

Et ailleurs : Peu importe au transformisme actuel le nombre des phylums animaux et l’importance des coupures qui les séparent. Une seule chose le révolterai’, c’est qu’une seule de ces continuités n’obéisse pas, dans son existence et sa grandeur, à des conditions physiques déterminables. On n’a donc jamais été plus loin que maintenant de 1 anci n créationnisme, qui représentait les êtres comme apparaissant tout formés au milieu d’un cadre indifférent à les recevoir.

Cette manière de comprendre le transformisme diffère évidemment du tout au tout, au point de vue métaphysique, des doctrines monistes. Dans ce système, Dieu n’est pas absent de son œuvre.

Son action créatrice n’est plus conçue comme poussant intrusivement ses œuvres au milieu des êtres préexistants, mais comme faisant naître au sein des choses les termes successifs de son ouvrage. Elle n’en est ni moins essentielle, ni moins intime pour cela. (Le paradoxe du Transformisme, p. 80).

Il est indéniable que l’ancien créationnisme se heure à de singulières difficultés dès que l’on cherche à se le représenter d’une manière précise à propos de n’importe quel être vivant concret. Supposons, par exemple, que l’on veuillese rendre compte de la manière dont le chêne a fait son apparition sur la terre. Dira-t-on qu’un beau jour Dieu a produit un’Si les considérations qui précèdent onl une valeur

végétal adulte, avec ses racines fixées dans un sol où elles n’auraient pas pénétré elles-mêmes, avec son tronc présentant les couches concentriques de formations ligneuses correspondant apparemment au nombre d’e ses années, avec ses vaisseaux remplis d’une sève dont les’élements n’aui-aiont pas été puisés dans le sol, avec ses feuilles et ses bourgeons à divers stades de développement ? Tout cela parait plus qu’invraisemblable. Il ne faut pas en effet raisonner sur ce qui : erail possible à Dieu, de polctitic. absolut :  ! , comme disent les théologiens, c’est-à-dire tout ce qui en soi ne répugne pas métaphysiqiiemenl, mais sur ce qui est possible à Dieu de pnlentia ordinata, c’est-à-dire en sauvegardant toutes les exigences de ses attributs, en particulier celles de son infinie sagesse. La création immédiate d’une nouvelle Terre qui sertit exactement le double de la nôtre, à un moment quelconque, avec des plantes et des animaux semblables, et même si l’on veut des collections complètes de fossiles dans les terrains et dans les musées, possible de polcntia absoluta, ne l’est certainement pas de potentiu ordniata, parce que ce jeustupide et cette piperie ne sauraient être attribues à une Providence souverainement intelligente. Il ne faut donc pas facilement admettre la possibilité de la création immédiate d’un chêne, s’il y a un moyen d’en comprendre la genèse d’une manière plus conforme aux exigences naturelles des choses et de notre propre esprit. Pense- 1 on que l’on aurait moins de difficultés à comprendre la création immédiate d’un gland ? Absolument pas. Il contient, on le sait, une planlule qui dérive normalement d’un ovule fécondé. Ce dernier présuppose une fleur et donc un chêne : nous voilà au rouet.

On saisit aisément quelle satisfaction plus grande apporte à l’esprit scientifique la conception du transformisme théiste. D’après cette théorie, Dieu n’aurait créé immédiatement ni chênes, ni glands, mais à l’origine de la série biologique du phylum d’où proviennent les chênes, il aurait produit et uni à la matière inorganique des principes vitaux possédant des propriétés et des virtualités évolutives distinctes des forces physicochimiques, dominant ces dernières et les faisant servir aux fins propres de la vie. Dans la suite des temps, par une série de générations successives, manifestant une causalité mystérieuse, in lispensable d’ailleurs en toute hypothèse, divers types biologiques auraient apparu à leur place naturelle, jusqu’à la réalisation de formes semblables à celles que nous avons sous les yeux.

Pourvu donc que l’on admette des interventions initiales de Dieu à l’origine première des divers phylums naturels, nous ne voyons pas quelle objection philosophique insoluble on pourrait opposer à cette manière de concevoir la genèse et l’évolution des êtres vivants. Notons-le d’ailleurs : Ces interventions divines, très différentes de ce qu’auraient été des créations de toules pièces d’êtres organisés, ont du être : i* aussi multipliées que l’exigent les natures foncièrement différentes des types correspondant aux gran. les divisions du monde vivant ; 2° échelonnées dans la série des temps, si l’on n’a aucune preuve positive de l’apparitioa simultanée des premiers ascendants des phylums indépendants. Nous ne considérerons donc pas comme nécessairement liée au principe essentiel du transformisme la parenté physique de tous les êtres organisés. Celle-ci restera toujours pour nous, du point de vue scientifique, une hypothèse gratuite ; et du point de vue philosophique, elle nous paraît se heurter à d’insurmontables difficultés.