Page:Adolphe Orain - De la vie à la mort - Tome second.djvu/167

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delle de résine, posée dans une poêle[1], pour garantir la paille des étincelles qui auraient pu l’enflammer. Un chaudron, plein de châtaignes bouillies, des pichés de cidre et des écuelles de terre, étaient sur le sol à la portée des fileuses. Chacune racontait son histoire, et les vieilles faisaient frémir les jeunesses par le récit des aventures épouvantables qui leur étaient arrivées la nuit.

Cependant une des fileuses traitait de niaiseries et de contes de bonnes femmes, tout ce qui faisait trembler ses compagnes, et quand une conteuse affirma qu’elle avait vu le diable et les sorciers sous le chêne au loup, elle s’écria : « La vue vous a belluetté[2], la mère. Tenez, il est tout à l’heure minuit, j’y vas, ma, sous le chêne au loup, et si le diable y est, eh bien ! que le diable m’emporte !

Les fileuses se signèrent épouvantées, et regardèrent du côté de la porte pour voir si Satan n’entrait pas.

La femme s’était levée. Elle sortit malgré

  1. Grand bassin de cuivre.
  2. Vue trouble, voir des beluettes, des étincelles.