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cines d’airain s’étendent, et la hache de la liberté s’émoussera-t-elle encore sans oser y mordre ? Les passions humaines ont peut-être été le seul obstacle à notre bonheur ; les effets en sont sensibles ; mais les principes heureux d’un sage gouvernement, d’un mot, tourneront à notre avantage : nous ne serons plus coupables du crime affreux d’entretenir des guerres perpétuelles contre ceux qui nous entraînent sous un fouet déchirant pour cultiver leur propriété. Comme la nature fait presque tous les frais de la production, le sucre, cultivé par des mains libres, coûteroit bien moins ; car la terre n’est avare que pour les tyrans et les esclaves.

La stérilité disparoît, dès que l’humanité cesse d’être outragée et que les hommes, protégés par les lois, rentrent dans leur intelligence et leur liberté.

Semblables aux peuples de l’Afrique, on nous reprochera peut-être de n’être pas aussi bien civilisés qu’en Europe. Oui, par une espèce de barbarie, les souverains y vendirent les captifs qu’ils avoient fait dans les guerres.

Ainsi, comment, se peut-il, que, par un commerce aussi révoltant, toujours terrassés par un despotisme des plus barbares, nous ayions pu puiser dans l’instruction cette douceur et cette aménité de caractère, qui fait le trésor et la véritable richesse des habitans de l’Europe ?