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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

— Et qu’as-tu pensé de ta conduite lorsque tu as été plus calme ?

— Grand’maman, répondit Gilberte en baissant la tête de nouveau, j’ai eu grand-honte ; mais c’est plus fort que moi, je ne puis pas m’en empêcher.

— Écoutez, mes chères enfants, dit Mme Darwey sérieusement, vous avez eu tort toutes deux : Anne-Marie en disant à sa sœur une chose, qu’elle sait bien lui être désagréable, et Gilberte en se fâchant d’une parole qu’elle ne devrait regarder que comme une innocente plaisanterie. Vois-tu, ma pauvre Gilberte, deviens douce, et ce titre de « douce amie » ne te fâchera plus. Tu sens bien toi-même que tu ne le mérites pas ; mais tu devrais, par tes efforts, prou¬ ver que tu veux en arriver à ce qu’il ne soit plus une ironie.

« Quant à ta colère, ma pauvre enfant, tu dis que tu ne peux t’en empêcher ! C’est que tu ne comptes que sur tes efforts personnels, et quand vient le moment, le courage te manque. Si chaque matin tu demandais au bon Dieu dans ta prière de te donner la force de surmonter cette extrême vivacité ; si, lorsque l’occasion se