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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

fonde. Elle était jolie comme un ange. Tiens, Anne-Marie, dit Mme Darwey en s’interrompant, monte sur un tabouret ; tu vas décrocher de la cheminée ce petit portrait entouré de velours bleu : c’est le portrait de Ginevra, ma pauvre petite sœur ! »

Anne-Marie fit ce que lui disait sa grand’mère ; elle atteignit le petit cadre, et s’approchant de la lampe, elle considéra attentivement, ainsi que Gilberte, qui s’était levée, une ravissante miniature d’enfant de six à sept ans. La tête blonde et pâle se détachait sur un fond gris ; les yeux étaient noirs, longs et doux comme du velours ; mais ils paraissaient plutôt tristes et sérieux que gais comme ils doivent l’être à cet âge. Ce regard était étrange ; on ne pouvait en détacher les yeux, et, involontairement, on pensait que cette jolie petite créature n’avait pu être faite pour la terre. Un nœud bleu retenait sa chevelure blonde ; sa bouche était souriante, mais d’un sourire triste, et les teintes pâles de ses joues achevaient d’idéaliser cette figure.

« Oh ! bonne maman, qu’elle est jolie ! dirent à la fois les deux enfants.

— Oh ! oui, bien jolie, répondit Mme Dar-