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LA GRAND’MÈRE DE GILBERTE

y a longtemps que cela est passé, et je n’y pense plus. »

« Cette réponse me fit tant de plaisir que j’embrassai ma sœur en lui disant :

« — Tu m’as pardonné ?

« — Oh ! de tout mon cœur, » me répondit-elle.

« Mon père était revenu à la Saulaie ; il paraissait très-inquiet de Ginevra, et il l’entourait de soins minutieux. Un soir, vers cinq ou six heures, au mois d’octobre, j’entrai dans la chambre de ma mère et, voyant qu’elle n’y était pas, je passai sur le balcon, où je demeurai tranquille pendant quelques instants. J’avais laissé derrière moi la porte ouverte, et comme il faisait déjà sombre, mon père, qui entra après moi dans l’appartement, ne me vit pas. Il était avec le médecin, et, sans m’occuper d’eux, je demeurai attentive à ce qui se passait dans la cour, où François promenait notre poney, qui avait, quelques jours auparavant, attrapé un effort à la jambe.

« Tout à coup le nom de Ginevra, prononcé par mon père, me fit prêter l’oreille.