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TAHITI

mais entre les deux Océans, de l’Atlantique au Pacifique, de New-York à San-Francisco, cinq jours et autant de nuits à vol d’oiseau, par les monts et les plaines, avec de rares et courts arrêts dans les gares, pour débarquer enfin, brisé, moulu, dans la capitale de la Californie, où je devais goûter les douceurs d’un repos impatiemment attendu avant de m’embarquer à destination de Tahiti.

Ce n’est ni la voix grave et rauque d’une sirène, ni celle presque majestueuse du canon de La Touraine, qui marquera cette fois l’heure du départ du courrier, des touchants adieux de ceux qui restent à ceux qui s’en vont. C’est encore la blanche voile des mignonnes goélettes qui déploie ses grandes ailes au souffle de la brise et lentement prend son essor vers les rives lointaines de la Nouvelle-Cythère. Hélas ! malgré les progrès de la vapeur, c’est encore par des voiliers que s’effectuent mensuellement les services de la correspondance et le transport des passagers du Gouvernement, entre San-Francisco et Tahiti.

Ce n’est point que de louables efforts n’aient été tentés pour rapprocher les distances entre le pays de l’or et celui des perles, en mettant par une ligne de bateaux à vapeur notre belle possession d’Océanie à 30 jours au plus de la mère Patrie.

Toutes les tentatives de ce genre sont restées infructueuses.

Dernièrement encore, en 1897, la maison Fricht et Kennedy de Papeete avait pris l’engagement de substituer 2 vapeurs aux 3 « brigs » actuellement en service, moyennant une subvention annuelle de 150 000 francs qui lui serait allouée par la colonie ; mais elle fut désavouée par ses armateurs qui trouvèrent la somme insuffisante.

Désireux d’arriver à une solution, le conseil général de Tahiti a porté, pour l’année 1898, à 200000 francs l’allocation précitée.

Souhaitons, sans trop l’espérer, que cette augmentation donne satisfaction aux exigences des armateurs et que les projets de l’assemblée coloniale se réalisent promptement pour relever la situation économique de nos établissements si délaissés qu’on pourrait les croire oubliés.

C’est donc à bord d’un des trois « brigs » susmentionnés, le City of Papeete de 5 à 600 tonneaux, navire à la coupe gracieuse