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TAHITI

les fois que le zéphir ou la rafale, en souffles caressants ou en bonds furieux, agitait leur étrange chevelure, troublant la quiétude de l’ombreuse forêt.

Ce chant des nuits, cette voix aérienne était jadis considérée par les Maoris comme la parole de la Divinité ; aussi leurs maraïs étaient-ils entourés d’aïtos, de tamanou et de miro (bois de rose). A Paéa, comme ailleurs, les bouquets d’aïto sont des lieux habituels de réunion ; là sur l’emplacement de leurs temples disparus, devant l’immensité des flots, les indigènes aiment à causer ou rêver dans la contemplation de féeriques couchers de soleil, du spectacle absorbant de l’Océan qui se déroulé devant eux.

La vallée de l’Oroféro ouvre son vaste cirque sur Paéa, se refermant vers l’intérieur par un entassement de rochers et de forêts où sont à peine frayés des passages dangereux qui ajoutent comme un charme de plus à ce site d’un incomparable attrait.

Pendant que je m’entretiens avec Rauféa des multiples beautés de son pays, un gracieux « Ia ora na féti » (bonjour, ami) retentit à mes oreilles aussitôt suivi du traditionnel « haré maï tama » (viens manger) ; puis deux petites mains se tendent et m’entraînent sans façon. C’est une aimable vahiné, rencontrée à Papeete chez ses parents, qui me renouvelle une invitation à déjeuner, déjà ancienne, et à laquelle je me rends sans difficulté, mais non sans plaisir, malgré les protestations de l’hôtelier consterné de ce contretemps qui l’oblige à arrêter ses apprêts. Ma Tahitienne, joyeuse de voir que je ne suis pas « téotéo » (fier) comme tant d’autres « papaa » (étrangers), me mène dans sa famille où les poignées de main me sont prodiguées avec les « Ia ora na » et les « haré maï tama ».

Toutes ces effusions sont invariablement suivies de l’inévitable « Ea parau api Papeete » (quoi de neuf à Papeete ?), qui provoque de ma part, et pour cause, cette laconique réponse : « Aïta » (rien).

La maison où. je reçois un accueil si empressé, si cordial, appartient à des gens aisés ; elle est en bois raboté, couverte en tôle, avec une véranda, couverte de la même façon et qui court sur ses quatre faces.

Les murs, les parois, les plafonds, les cloisons, sont en