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DANTE ET GŒTHE.
VIVIANE.

À la bonne heure. Vive le paradoxe ! Depuis quelques jours, ne vous déplaise, nous échangions avec une satisfaction assez plate des vérités incontestables. J’ai grand besoin de stimuler mes esprits… Eh bien ! Diotime, parlez. Persuadez-nous. Par Apollon et les Muses ! je jure de vous décerner le prix d’éloquence. Si je n’ai pas pour vous couronner les violettes et les bandelettes d’Alcibiade, je saurai du moins tresser ces verveines avec assez d’art pour qu’elles n’offusquent point votre grand front lumineux.

DIOTIME.

Une couronne, des belles mains de la fée Viviane ! voilà de quoi tenter mon ambition. « Les ailes m’en viennent au dos, » auraient dit vos amis d’Athènes.

VIVIANE.

Eh bien ! déployez-les. Parlez.

DIOTIME.

Laissez-moi me recueillir un peu.

Viviane mit un doigt sur sa bouche. Chacun se tut. Après quelques instants, Diotime continua d’un ton grave.

DIOTIME.

L’analogie première que je vois entre le poëme de Dante et le poème de Gœthe, c’est que tous deux ils