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PREMIER DIALOGUE.

recte du pape, à qui Pierre d’Abano avait donné des soins dans une grave maladie.

ÉLIE.

Serait-ce, par hasard, en sa qualité de médecin, que Dante fut menacé et forcé d’écrire son Credo ?

DIOTIME.

Non. Ce fut pour avoir mis des papes en enfer et des papes en paradis, que, pendant son exil à Ravenne, il fut mandé et interrogé par l’inquisiteur. J’ajoute que ce Credo est d’origine suspecte, bien qu’il figure dans quelques éditions très-anciennes des œuvres de Dante. — Mais retournons à Florence. Vous rappelez-vous, Élie, le tableau que fait Dino Compagni de cette période animée qui s’écoule entre la venue de Charles de Valois et la descente en Italie de l’empereur Henri vii ? L’historien, plein de colère, nous montre sous un aspect tout à fait dantesque sa ville natale en proie aux factions, à la licence des mœurs. La belle cité où il a vu le jour et qu’il aime d’une tendresse passionnée, devient sous son pinceau la forêt des vices, un enfer.

ÉLIE.

Je croirais qu’il a quoique peu forcé les couleurs. Cet enfer ne paraît pas avoir été trop horrible. On s’y divertissait passablement, si je m’en rapporte à Villani, qui a vu les choses d’aussi près que Dino Compagni.