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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

toutes les influences en donnant aux promesses la validité d’un contrat.

« Nous regretterions plus vivement encore qu’on fût forcé de renoncer à faire le banquet un dimanche. C’était le vœu formel de la grande commission, et ce parti n’avait pas été pris à la légère et sans quelque motif sérieux. Il ne faut donc pas moins qu’un obstacle matériel et insurmontable pour déterminer à changer le jour de la manifestation. Selon nous cet ajournement serait très-fâcheux. Comme on n’en peut imputer la faute à personne, nous nous contenterons d’en gémir. »

Le 19, il publiait une nouvelle note conçue en ces termes : « La commission générale chargée de l’organisation du banquet du douzième arrondissement a décidé que la manifestation aurait lieu irrévocablement mardi prochain, 22 février, à midi.

On indiquera plus tard le lieu de la réunion. »

On comprend combien le cabinet devait s’enhardir en touchant ainsi du doigt les faiblesses de l’opposition[1]. Après

  1. Cependant le Constitutionnel du 20 février parlait encore avec une certaine résolution ; mais ce n’était qu’une retraite bien masquée. Voici comment il s’exprimait :
    « Les députés de l’opposition se sont réunis de nouveau ce matin afin de délibérer sur la part qu’ils doivent prendre à la manifestation qui se prépare pour le maintien du droit de réunion contesté et violé par le ministère. Après avoir entendu le rapport de sa commission, l’assemblée a reconnu, à l’unanimité, qu’il était plus que jamais nécessaire de protester par un grand acte de résistance légale contre une mesure contraire au principe de la constitution comme au texte de la loi. En conséquence, il a été résolu que, mardi prochain, on se rendrait en corps au lieu de la réunion.
    Une telle résolution est le plus bel hommage que les députés puissent rendre à l’intelligence, au patriotisme, aux sentiments généreux de la population parisienne. Les députés ne sauraient admettre, avec les ennemis de la liberté, qu’un peuple dont on méconnaît les droits soit condamné à choisir entre l’obéissance servile et la violence. Ils en sont donc certains d’avance, la population tout entière comprendra qu’une manifestation pour le droit contre l’arbitraire manquerait son but, si elle ne restait pas paisible et régulière. Paris a fait souvent des efforts héroïques, de grandes révolutions. Il est appelé aujourd’hui à