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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

deur d’Autriche et même M. de Kisseleff, chargé d’affaires de Russie, eurent des entretiens particuliers avec M. de Lamartine. Bientôt lord Normanby fut autorisé par lord Palmerston à entamer des négociations propres à consolider l’alliance entre les deux États. D’accord en cela avec le principe de l’école whig, qui, depuis 1688, reconnaît que tout gouvernement né du peuple est légitime, espérant obtenir, en échange de cette prompte reconnaissance, que le gouvernement français respecterait l’indépendance de la Belgique et ne favoriserait ni directement ni indirectement l’Irlande et le chartisme, lord John Russell déclarait à la Chambre des communes, dans la séance du 28 février, que le gouvernement britannique n’entendait pas intervenir, « de quelque manière que ce fût, dans l’établissement que les Français pourraient faire de leur propre gouvernement. » Lord Palmerston donnait au gouvernement provisoire des explications sur l’hospitalité offerte aux princes déchus. « Cette hospitalité, disait-il dans une dépêche communiquée, le 10 mars, par lord Normanby à M. de Lamartine, n’est pas une marque de sympathie politique de nature à inquiéter la France. Il n’y a dans cet asile et dans ces égards accordés à de grandes infortunes d’autre signification que celle de l’hospitalité même. » Enfin, lord Wellington répondait à une avance indirecte de M. de Lamartine, dans une lettre pleine de courtoisie pour lui et qui devait lui être communiquée.

Les représentants de la Suisse, de la République argentine et de l’Uruguay avaient reconnu immédiatement la République. M. Richard Rush, envoyé des États-Unis, prit l’initiative d’une visite officielle au gouvernement provisoire et reçut bientôt l’approbation du président des États-Unis, M. Polk, qui s’exprima en ces termes sur la révolution, dans son Message :

« Le monde a rarement vu un spectacle plus intéressant et plus sublime que le dessein paisible du peuple français, décidé à se donner une liberté plus grande et à prouver,