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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

siastique ; le respect que tout gouvernement doit à la liberté de conscience, aux droits du père de famille, à la spontanéité de l’individu, s’accordait avec la sollicitude du législateur pour le progrès des générations à venir. Mais le gouvernement provisoire ne prit pas le temps d’examiner cette question capitale et le ministre de l’instruction publique, resté dans un cercle vicieux où les meilleures intentions devaient tourner à mal, n’apporta que des palliatifs là où il fallait un remède héroïque[1]. Il commença par former une commission qui prit le titre de haute commission des études scientifiques et littéraires. On lui remit le soin de préparer un projet de loi sur l’instruction primaire, conformément aux principes admis de la gratuité, de l’obligation et de la libre concurrence. Les écoles normale, polytechnique et de Saint-Cyr durent recevoir gratuitement leurs élèves. Par un décret du 8 mars, M. Carnot établit, sur des bases analogues à celles de l’école polytechnique, une école destinée à fournir des fonctionnaires capables aux diverses branches du service civil[2]. Les fonds manquaient pour donner à l’école d’administration un personnel de professeurs particuliers. Il l’annexa au Collége de France, dont les professeurs ordinaires se chargèrent du nouvel

  1. On est frappé, quand on relit les décrets et les discours de cette époque, de voir incessamment revenir ces locutions : examiner les questions, étudier problèmes, chercher les solutions. Rien ne montre mieux combien la révolution avait été peu concertée, et combien elle prenait au dépourvu ceux-là mêmes qui l’avaient le plus ardemment souhaitée. Ce qui fit l’influence des hommes attachés à la rédaction du National, pendant la durée du gouvernement provisoire, c’est qu’ils arrivaient au pouvoir avec un programme exclusivement politique, restreint et défini à l’avance.
  2. « À plusieurs reprises, dit M. Carnot, dans sa brochure (le ministère de l’instruction publique et des cultes depuis le 24 février jusqu’au 5 juillet 1848), sous la dernière législature de la monarchie, on a proposé de régler le recrutement et l’avancement dans les fonctions publiques. Les propositions, toujours accueillies comme nécessaires, ont néanmoins toujours échoué parce qu’elles manquaient de base. La véritable base devait être une école où se fit l’apprentissage de la science administrative. »