Page:Agoult - Histoire des commencements de la république des Pays-Bas - 1581-1625.djvu/62

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23 janvier 1579, ils s’engagent par un vœu solennel à se liguer, dans un suprême effort, pour sauver la patrie.

Ce serment, ce vœu solennel, qui allait bientôt séparer deux religions et deux races, est la pierre fondamentale sur laquelle s’élève la république des Pays-Bas. Jusque-là, les provinces septentrionales, rapprochées par leur situation géographique, par l’identité des origines, de l’idiome et des mœurs, avaient entretenu des relations amicales presque ininterrompues, mais elles ne formaient point un corps de nation animé d’une même vie politique. Par l’Union d’Utrecht, elles fixèrent les bases d’un droit commun, d’une généralité régulièrement représentée, et donnèrent ainsi l’existence a la république des Pays-Bas : république à peine visible en ses commencements et qui semblera toujours bien petite si l’on regarde uniquement l’étendue de son territoire, mais qui se revêt de grandeur dès que l’on vient à considérer son caractère, son génie et sa fortune.

Chose admirable et qui fait bien connaitre toute la force d’âme de ses premiers fondateurs ! sur leur ordre, on frappe en l’honneur de l’Union, on répand parmi le peuple qu’ils appellent à la défendre, une médaille où elle est figurée sous l’image d’un navire sans mâts, sans voiles, sans gouvernail, battu des vents, à la merci des flots, sur une mer sans rivages ; et portant cette légende intrépide, cet appel au destin : Fata viam invenient.

Ainsi invoqué par ces magnanimes, le destin ne fut point contraire. Le vaisseau désemparé de la Répu-