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De noier en pitié les rages de mon feu !
Je suis l’Ethna bruslant en ma flamme profonde,
Tu es le Nil heureux qui espanche ton onde
Sur la terre qui meurt de la soif de tes eaux ;
Noie les feuz, mignonne, embrazeurs de mon ame,
Ou me laisse brusler ton Nil dedans ma flamme,
Que je noye en tes pleurs, ou seche en mes flambeaux.


XVIII.

A qui ne fut point ravie
L’amitié qu’avec la vie,
De qui les chastes amours
N’ont finy qu’avec les jours.

Que de douceurs d’une douleur,
Que de vers rameaux d’une graine,
Que de sallaires d’une peine,
Que de fleurs naissent d’une fleur !
Qu’un œil ha de raions ardents,
Que de mortz sortent d’une vie,
Que de beaux printemps d’une pluie,
Que d’estés chaults d’un doux printemps !
Amours qui par l’aer voletez,
Portez sur vos aisles dorees
Le miel que vos langues sucrees
Ont succé de tant de beautez.
Que tous ceux qui liront ces vers
Et les amours qui y florissent,
Du miel qu’ilz gousteront benissent
Ces belles fleurs, ces rameaux vers.
Heureux de ta douleur, Monteil,
Qui triomphes de ton martire,
Et autant de fleurs en retire