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127 ODES.

Au gré de ses soupirs mouvants.

II n’avoit dressé son attente

Que sur l'amour aspre & constante
Dont son sens estoit anymé,
Jugeant que son ardeur divine
Sacageroit vostre poitrine
Quant son cueur seroit consomé,

Et qu’alors vos ames pareilles

Vous feront sentir les merveilles
De deux cueurs unis en desir,
Mais vous seulement pourez rendre,
Quand vous voudrez, vos feuz en cendre
Et vos attentes en plaisir.
IV.

La preuve d’un’ amour non feinte

Est lors qu’on cherist son ennuy,
Et quant pour trop aimer autruy
L’amour de soy mesme est efteinte.

Comment veux-tu, fiere Maistresse,

Pour le comble de mes travaux
Faisant deux contraires esgaux,
Qu’en l'amour j’use de sagesse ?

Comment puis-je estre amant et sage,

Me plaisant à me faire tort,
Baisant le glaive de ma mort,
Fuiant le bien pour le dommage,

Trouvant le miel amer & rude.

Changeant en rage ma raison,
Ma liberté en la prison
D’une cruelle ingratitude ?

Ainsi tu semble la marastre