Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/32

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XXVI.

Autant de fois que vostre esprit de grace
Fera mouvoir un esclat de vos yeux
Sur ce pourtraict, en cela plus heureux
Que n’est l’absent duquel il peint la face,

Autant de fois il faudra que j’efface
Par ce tableau vos mespris oublieux.
Vous me verrez & ne verrez mes feux
Qui n’ont laissé exempte aucune place :

Autant de fois vous reverrez celuy
Qui se hayant, vous aime & son ennuy,
Mais on ne peut en ce tableau voir comme

De toutes parts je brusle peu à peu,
Ou autrement ce ne seroit qu’un feu
Qui n’auroit rien que la forme d’un homme.


XXVII.

Qui void le Dieu aux blonds cheveux
En quittant la mer son hostesse
Friser en l'air l'or de sa tresse,
Voilé de son chef pretieux,

Qui void l’æther proche des Cieux
Ou bien la forme menteresse,
La pluie d’or & la finesse
Du plus adultere des Dieux,

Cestuy là verra la peinture
De l’or & de la cheveleure
Qui efface, passe & surmonte

Le soleil & abbaisse encor
En mesprisant la pluie d’or,
L’æther qui se cache de honte.