Page:Aicard - Les Jeunes Croyances, 1867.djvu/57

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Je vis s’épanouir vos vers pleins d’harmonie :
Je moissonnai ces fleurs, et je partis encor ;
J’emportais un écho de la mer infinie ;
J’emportais un parfum : j’ai gardé ce trésor.

Ah ! puisque vous aimez cette rive fleurie
Où le poëte ému se sent plus près de Dieu ;
Puisque vous la chantez et qu’elle est ma patrie,
Que votre âme s’allume à son beau ciel en feu ;

Puisque vous désirez vivre, mourir peut-être,
Aux lieux dont votre amour vous a nommé l’enfant,
Poëte, permettez ; permettez, ô mon maître,
Que je vienne, exilé, vous parler un instant !

Ô fils de mon pays, veuillez être mon frère ;
Mes yeux, jadis riants, de larmes sont noyés :
Je pleure mon exil en songeant à ma mère,
Et j’apporte mon cœur débordant à vos pieds !