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MAURIN DES MAURES

« — Et pourquoi êtes-vous venus en si petit nombre pour honorer un si grand saint ?

« Hélas ! je le dis avec douleur, c’est parce qu’il a plu ce matin !

« Eh bien ! mes très chers frères, est-ce qu’il n’est pas bien facile, lorsqu’il pleut, — de prendre un parapluie ? »

« Le bon curé joignit ses mains sur son ventre et éleva ses regards vers la voûte lézardée de la chapelle, c’est-à-dire vers le ciel :

« — Ô grand sant Estrôpi ! s’écria-t-il, sans doute tu leur pardonnes la tiédeur de leur dévotion à ta gloire, mais moi, grand saint, j’ai le devoir de leur dire qu’ils n’auraient pas dû reculer devant le petit désagrément d’être un peu mouillés, à l’heure où il s’agissait de venir aux pieds des autels te rendre l’hommage qui t’est dû ! »

« Les regards du bon curé s’abaissèrent et parcoururent son auditoire composé de sept personnes ; et il continua :

« — C’est pourquoi, mes très chers frères, c’est pourquoi mon âme s’écrie : « Honte ! trois fois honte ! six fois et sept fois honte sur ceux qui ne sont pas venus, quand il leur était si facile de venir même sans être mouillés, — puisqu’ils n’avaient pour cela qu’à prendre un parapluie. Honte cent fois, mille fois honte sur ceux qui pouvant prendre un parapluie… n’ont pas pris de parapluie… Mais en revanche et pour la consolation de mon âme, gloire à ceux qui ont eu l’idée — bien simple, d’affronter les intempéries de la saison, afin de fêter notre grand saint ! Trois fois gloire, gloire six et sept fois, cent fois et mille fois gloire à ceux qui sont