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MAURIN DES MAURES

eux, les sangliers, les bêtes libres ! Elles bondissaient par-dessus la bruyère comme des marsouins hors de l’eau et s’en allaient ainsi, par bonds allongés, arrondis, à toute vitesse, en cassant à grand fracas, sous leurs masses, la bruyère et les genêts… Un coup de feu… deux coups de feu retentirent. Elle vit un sanglier tomber et rester là, mort ; un autre, blessé, ralentir son allure et disparaître.

Un cri de Maurin retentit, répété par d’autres chasseurs, dans les gorges, sur les cimes : A la barro ! Ce cri voulait dire : « Coupez la barre pour y suspendre la bête : elle est morte. »

La chasse était finie.

On le croyait du moins ; on ignorait que Maurin s’était mis à la poursuite du porc blessé.

La barre coupée, le sanglier qu’on trouva tué raide sur place y fut suspendu, et descendit la colline vers la route où l’attendaient les voitures des « messieurs ». Mais quand Tonia eut conté qu’elle avait vu Maurin se mettre à la poursuite de l’un des fauves, seulement blessé celui-là, tout le monde demanda à rejoindre Maurin. Le sanglier mort fut porté dans une voiture. Et toute la troupe, guidée par les frères Pons qui suivaient la bête à la trace, se mit à la recherche de Maurin… On le trouva au fond d’un ravin, littéralement à cheval sur un gros sanglier. Il tenait entre ses dents une des oreilles de la bête, l’autre oreille dans son poing vigoureux ; et, de sa main restée libre, il avait ramassé une pierre pointue avec laquelle il frappait à tour de bras sur le crâne de l’animal pour l’achever… Il l’assomma en effet et ne se releva sous les yeux des chasseurs, perchés au-dessus de lui au bord du