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MAURIN DES MAURES

beau gendarme apprenait comment tu es ici avec moi ?

— Oui, je te l’ai dit.

— Eh bien, il va venir ; il vient ; c’est lui qui frappe à la porte… il s’imagine — c’est drôle, qué ? — qu’il va trouver ici une femme mariée dont le mari a porté plainte ! mais j’ai connu d’avance le complot par mes amis et j’ai manigancé les choses. La femme a été avertie comme moi, et elle est allée à la ville aujourd’hui pour justement leur donner à croire qu’elle est ici !

— Ah ! mon Dieu ! fit d’abord la Margaride, moitié pleurant et moitié riant, mon Dieu ! pauvre moi ! aï ! Bonne Mère des anges !

La Bonne Mère des anges est la patronne de ces petites montagnes des Maures où elle a une église, sur le plus haut sommet.

— Tu sais qu’il va épouser Tonia, la fille du brigadier Orsini ?… dit alors Maurin, en fin politique.

Margaride devint un peu songeuse.

— Est-ce que, d’être ici, en ce moment, ça t’ennuie beaucoup ? insista Maurin. Je te ferai un joli présent pour te consoler, Margaride.

— Bah ! répliqua-t-elle résolument tout à coup, j’en ai assez de Sandri ! Je t’aime mieux mille fois, comme je t’ai dit. Ah ! il épouse Tonia ! Alors nous lui faisons une bonne farce ! et qu’il se mérite bien !

— C’est bon ; cache-toi dans le lit et mets ta tête sous les couvertures.

Elle obéit avec une grande envie de rire.

— Ne m’abandonne pas, Maurin, souffla-t-elle par réflexion en mettant son nez hors des draps. Il est méchant, le Corse, quand il est en colère.