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MAURIN DES MAURES

a fait le coup. Là-dessus, sa parole que j’ai entendue suffira au juge pour qu’il me donne l’ordre de le lui amener.

— Adieu donc. Portez-vous bien. Conservez-vous ! dit Maurin, selon la formule en usage dans le pays.

Il s’en allait… son pas retentissait dans les cailloux qui dégringolaient sur la pente, sous les pins…

Grondard n’y tint plus. Il dégagea son bras de l’étreinte du gendarme, et il mit en joue Maurin entrevu à travers les troncs innombrables de la forêt.

À ce moment, Pastouré, qui avait entendu le coup de feu de Maurin, s’était décidé à quitter son poste pour rejoindre son ami.

Il vit de loin Maurin en fuite ; il reconnut Grondard et la Luronne. On appelait ainsi, dans le pays, cette sœur du charbonnier. Et enfin, il aperçut les gendarmes.

Il comprit qu’il s’était passé quelque chose de grave.

Son œil perçant distingua aussi, sur le coteau, au-dessus du groupe ennemi, le griffon de Maurin attendant, selon son habitude, l’ordre que son maître, (ayant d’autres chiens à fouetter) oubliait de lui donner, c’est-à-dire l’ordre de rapporter le lièvre auprès duquel il était assis gravement. Pastouré, homme de sang-froid, comprit d’un seul coup d’œil toute la situation et voulut sauver le gibier.

— Apporte, Hercule ! cria Parlo-Soulet d’une voix éclatante avec un grand geste télégraphique.

Le griffon se releva en bondissant. Il s’élança… tenant entre les dents, par la peau du cou, le lièvre rejeté sur ses reins.

Croyant pouvoir rejoindre Maurin en ligne droite, le