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MAURIN DES MAURES

à la recherche d’un campement nouveau, sont suivis des femmes qui vont à pied chargées comme des bêtes de somme.

Maurin considérait les femmes comme les inférieures prédestinées de l’homme ; même les façons galantes, les gentillesses qu’il avait avec elles, étaient comme un tribut un peu méprisant payé à leur frivolité ; peut-être, dans son idée, à leur sottise.

Ce qui le distinguait d’un vrai musulman, c’est qu’il avait quelque pitié des femmes. Et ceci augmentait encore chez elles un singulier désir de monter dans son estime, dans son esprit et dans son cœur. Elles ne voulaient pas plus de sa pitié que de son dédain. Et pour se faire aimer, elles finissaient par lui offrir toutes leurs grâces et tout leur amour.

Maurin n’avait pas fait, bien entendu, une étude approfondie de ses propres sentiments. Ce qu’il était il l’était simplement, et il suivait, sans contrarier la nature, sa vie de chasseur aventureux, laissant au hasard le soin de nouer et de dénouer ses histoires amoureuses.

Pour l’instant, il avait, là, contre sa poitrine, une belle fille de dix-huit ans, toute oppressée par la peur, frissonnante, et qui, fiancée à son ennemi le gendarme, l’implorait, lui, le sauvage braconnier !

— Qu’y a-t-il, ma belle petite ? demanda Maurin.

— Deux coquins sont dans les bois… Ils ont paru devant moi tout en un coup et m’ont poursuivie.

— Bon ! dit Maurin, ça doit être les deux qui restent de ces trois échappés de galères auxquels j’ai déjà donné la chasse. Et je vois bien que ce n’est pas Sandri qui les attrapera. Ce sera moi… je vais me mettre à leurs derrières !…