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MAURIN DES MAURES

— Vous essayez de me tromper sur mon devoir, tous ! Si je laissais aller Maurin en ce moment et qu’on le sût, je perdrais ma place…

— Aimes-tu mieux perdre l’honneur des Corses ? cria Tonia.

Ce mot ralluma la colère du gendarme.

— Je perdrai mon honneur de Corse en ne pas arrêtant un assassin comme celui-ci ! cria-t-il… Tais-toi, femme ! Si tu te mettais à commander déjà ton fiancé, que ferais-tu un jour de ton mari !… Allons, laisse-moi passer !

Il saisit sa fiancée par le bras, l’écarta violemment et commit la faute stratégique de s’insinuer, à la suite de Maurin, entre la table et le mur.

— Si tu fais cela, alors, cria-t-elle, alors prends y garde ! j’aimerai mieux peut-être bandit comme lui, que gendarme comme toi !

Et elle s’engagea, à la suite du gendarme, entre le mur et la table, en criant :

— Profite, Maurin profite ! Laissez-le échapper, mon père !

Elle se cramponna des deux mains aux deux bras du gendarme dont elle paralysait les mouvements.

Maurin, mettant une main sur la table, bondit par-dessus sans l’effleurer des pieds, et prit la porte qui se referma à grand bruit.

— Je l’aurai ! cria Alessandri. Laisse-moi, laisse-moi, Tonia ! je te dis de me laisser.

Elle le retint encore.

Il dut, la traînant après lui, faire le tour de la table. Quand il parvint à la porte, il essaya vainement de l’ouvrir. Maurin, du dehors, l’avait fermée à double