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MAURIN DES MAURES

qui l’ai tué ». Mais Grondard assure qu’il a dit simplement : « C’est moi qui l’ai tué ». Et il a bien prononcé ces paroles, je m’en souviens, mais je ne sais plus s’il a dit les premières qui modifient le sens des secondes.

— Amenez-le-moi, avait conclu le juge.

M. Cabissol ignorait ce dialogue quand il dit au préfet :

— Tout ce que vous désirez que je rapporte à Maurin lui sera transmis fidèlement, monsieur le préfet.

— Ah ! une idée ! fit le préfet. Des trois bandits poursuivis par Maurin et les gens de Bormes, deux sont toujours dans vos maquis provençaux. On les a aperçus, paraît-il, un jour à la Garde-Freïnet, puis, le surlendemain, à la Verne. Ils ne paraissent pas décidés à quitter les Maures. Toute cette région intéressante s’inquiète. Pourquoi Maurin, qui connaît les moindres recoins de ces montagnes, ne donne-t-il pas de nouveau la chasse à ces coquins, avec l’aide de quelques compagnons déterminés ?… Cela arrangerait, peut-être, ses affaires avec la justice… Je pourrais moi-même, en ce cas, demander pour lui une médaille, une récompense de l’État. Parlez-lui de tout cela.

— C’est entendu…

— C’est un homme si « empoignant » ! J’ai fini par l’aimer, moi. Il a l’instinct de la vraie liberté, et je ne le trouve pas sans noblesse.

— À ce propos, dit M. Cabissol, un mot de lui m’est revenu à la mémoire, que je veux vous rapporter pour fixer encore un trait de son caractère ou de son génie. Je l’ai entendu dire un jour, avec son impayable accent et ses tournures de phrases à la provençale :

— « Moi, les femmes, j’en connais de toutes, même de