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MAURIN DES MAURES

— Là-bas, au tournant, derrière le Grand Suve.

C’était bien l’histoire des Campaux qui recommençait ; mais, cette fois, les deux chevaux ne revenaient pas seuls…

— Vive Maurin des Maures ! vive Pastouré !

Maurin et Pastouré apparurent ; ils étaient fièrement campés sur leurs chevaux. Ils allaient au pas, imitant de tous points l’allure de deux gendarmes, corrects de tenue, leurs vieux feutres en bataille, la main droite un peu haute, la gauche sur la cuisse, et donnant à leurs fusils des airs de carabines.

Et ils poussaient devant eux les deux bandits à pied, les mains liées derrière le dos…

Un éclat de rire énorme agita tout ce village répandu sur la route.

— Vive le général Maurin !

— Vive le colonel Pastouré !

— Méfie-toi, Maurin ! ils veulent te prendre…

La foule de nouveau fit obstacle entre les arrivants et les gendarmes. Et calme sur un cheval inquiet, l’ironique Maurin, s’adressant aux gendarmes contraints de rester derrière la foule, leur adressa majestueusement la parole, par-dessus les deux cents têtes de son peuple.

— Est-ce aujourd’hui, gendarmes, que vous comptez m’avoir ? Est-ce au moment où je viens de faire ton service, Alessandri, et où je te remets deux prisonniers que jamais tu n’aurais su prendre tout seul, que tu m’arrêteras ?

— Gredin ! cria Alessandri hors de lui. Tu ne te moqueras pas de moi jusqu’au bout. Ce n’est pas deux, mais quatre prisonniers qu’il me faut ! Livre-toi donc, toi et ton camarade Pastouré, ce Parle-seul qui doit