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MAURIN DES MAURES

« Tout en un coup, comme il arrivait près d’une ferme, il aperçut, sur une petite mare, une famille de canards privés.

« À quelques pas de là, assis sur un tronc d’arbre, pas bien loin de la bastide, où personne d’autre ne se montrait ni aux portes ni aux fenêtres qui étaient fermées, un paysan fumait tranquillement sa pipe.

« — Brave homme ! lui dit le chasseur, combien ça me coûterait-il pour tuer une de ces jolies bêtes qui ressemblent à des canards sauvages ?

« — Va saï pas ! je n’en sais rien, répondit l’homme en regardant à peine le chasseur et en haussant les épaules.

« — Quarante sous ? ça serait-il assez payé ?

« — Si vous voulez ! dit l’homme qui fumait sa pipe.

« — Bon ! se dit le chasseur, ça n’est vraiment pas cher. »

« Il posa quarante sous sur le tronc d’arbre qui servait de banc au paysan, ajusta son canard et le tua.

« — Bonjour, l’ami.

« — Bonjour, bonjour ! »

« Le paysan empochait les quarante sous quand le chasseur, qui s’éloignait, se ravisant tout à coup, revint sur ses pas…

« — Eh ! l’homme ! j’ai bien envie d’en tuer encore un, de ces beaux canards ? ils ne sont pas chers. J’inviterai mes beaux-parents… Eh ! l’homme ? si j’en tuais encore un pour encore quarante sous ? »

« L’homme ne répondit pas.

« — Allons, laissez-moi faire… tenez : voilà, cette fois-ci, trois francs… »