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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXXV


Comme quoi les belles filles faisaient quelquefois encore, au XIXe siècle, sur les rivages provençaux, la rencontre d’un pirate maure.


Elle montait en priant.

À la première heure, dans la plaine, il avait fait frisquet (petit froid aigrelet).

Maintenant, déjà un peu animée par la marche, Tonia avait chaud sur la colline. Chaude, en effet, s’annonçait la journée. Pas un souffle n’agitait les aiguilles des pins. L’appel des rouges-gorges innombrables pétillait de tous les côtés. Au-dessus de la plaine qui s’éloignait et s’abaissait derrière Tonia, des vols d’alouettes jetaient leur friselis limpide dans la limpidité du ciel parfaitement bleu. La poussée d’automne après les pluies avait été vigoureuse, et les herbes bien vertes jaillissaient çà et là entre les pierres du chemin, dans les fêlures des rochers, partout où un peu de terre et d’eau pouvait faire de la vie.

Des perdreaux qui buvaient dans un petit champ de vigne, firent sursauter la voyageuse lorsqu’ils s’enlevèrent derrière elle, avec ce bruit de vent subit qui se déchaîne… Elle les regarda se perdre sous bois devant elle, mais ne devina pas qu’un chasseur les avait fait partir… Si elle avait eu cette idée, elle aurait pu aperce-