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MAURIN DES MAURES

CHAPITRE XXXVIII


En quels termes le don Juan des bois refusa mariage à la belle Corsoise avec une sincérité digne d’estime.


Quand l’ermite les eut laissés seuls et se fut allé coucher, les deux amoureux se répétèrent à loisir ce qu’ils s’étaient déjà dit. Maurin décida qu’il accompagnerait Tonia jusqu’aux abords de Pignans.

— Quand tu seras sortie des bois et que tu arriveras dans la plaine habitée, je te quitterai, pas avant, afin de te garder de male encontre.

— De male encontre, répliqua-t-elle étourdiment, je n’en crains point !

— Et tu vois bien que tu n’as pas raison, dit-il en riant, car il t’en est arrivé une ce matin.

Elle le regarda d’un air grave.

— Ne plaisante pas, dit-elle, — que ce n’est pas bien le moment. Ce qui est arrivé sera triste si tu n’es pas un brave garçon, car, si tu n’es pas un brave garçon, tu ne m’épouseras pas et alors, acheva-t-elle avec beaucoup de simplicité, je crois que je finirai par te tuer.

— Que je t’épouse ! C’est donc une idée qui te plaît énormément ? Je vois que (comme il est d’habitude avec les femmes) nous allons nous chamailler longtemps sans que ton idée te lâche d’un cran !

— C’est que cette idée ne me quitte que pour me reprendre.