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MAURIN DES MAURES

fil de fer, il les fixa en deux tours de main aux deux côtés de la croupière.

— Arrangé ainsi, fit Maurin en s’éloignant et se retournant plusieurs fois pour admirer son ouvrage, il a bien l’air d’une hirondelle !

Et il fila avec ses longues jambes…

Quand l’avant-garde de ses ennemis aperçut cet âne volant, la corde lui étant cachée par les branches de l’olivier, elle s’arrêta stupéfaite.

— Diable ! dit un Gonfaronnais qui était né aux Martigues, peut-être que cet homme n’a pas menti, et que des fois, il y en a qui volent, des ânes !

— Ah çà ! vaï ! dirent les autres, il y a, là-dessous, quelque malice.

Et tous, à pas prudents, s’approchèrent.

— Je vois ses ailes ! cria l’un.

— Elles sont bien petites ! fit le maire qui arrivait tout essoufflé, car il était, lui, de la grosse espèce.

— Bien petites, dit le garde, et placées justement où il ne faut pas.

— Les anges peints dans les églises, fit une dévote, les portent comme ça !

— Cette bêtise ! riposta une commère. Les anges peints dans les églises n’ont qu’une tête et portent les ailes à leur cou !

— L’insolent, dit le maire, s’est encore fichu de nous ! Au pas de course, mes enfants ! Aganta-lou ! (attrapez-le !) Zou ! En avant !

Et les Gonfaronnais volèrent.

Mais voyant que Maurin allait plus vite qu’eux, le maire poussif s’arrêta, commandant : « Halte ! » d’une voix terrible.