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MAURIN DES MAURES

Pas besoin de se lever de bonne heure le lendemain, le dimanche n’étant pas pour les chiens, mais pour les chrétiens.

Or, qu’étaient devenus les deux braconniers ?

Après avoir galopé « une lieue de chemin », Maurin et Pastouré, modérant leur allure peu à peu, s’étaient mis au pas, puis s’étaient arrêtés :

— M’est avis, avait dit Maurin, qu’il faut maintenant qu’on nous croie bien loin, retourner en arrière.

— Retournons ! avait répliqué le laconique et docile Pastouré.

— Et sais-tu pourquoi nous retournons ? avait dit Maurin.

— Pas encore, mais si tu me l’expliques tout de suite, je le saurai aussitôt, avait répliqué le gigantesque Parlo-Soulet.

Ayant tourné bride, Maurin avait dit à son compagnon qui imitait tous ses mouvements :

— Quand nous serons revenus pas très loin de l’auberge, nous descendrons de cheval. Nous chasserons les deux bêtes avec un bon coup de pied au derrière. Ces chevaux de gendarmes sont des animaux très bien apprivoisés, ils retourneront d’eux-mêmes à l’auberge ; ils sauront retrouver leurs maîtres. Alors, pour sûr, les deux militaires monteront dessus et nous iront chercher à Cogolin ou à Sainte-Maxime. Pendant ce temps nous gagnerons au large, à travers bois.

— Maurin, avait répondu Pastouré, tu as vraiment un génie bien agréable. Faisons comme tu dis.

Et ils avaient fait ainsi.

Cinglés d’un grand coup de ceinture de cuir, les chevaux avaient détalé dans la direction de l’auberge.