Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
353
MAURIN DES MAURES

Il voyait le puits tout proche, à soixante pas. Que d’ici au puits il dût, rencontrer un autre lapin, cela n’était pas à supposer. Hercule, très étonné, regardait de travers l’arme qui, au lieu de boum, faisait clac.

Maurin passa une paille fine dans la lumière du vieux fusil, s’assura que la poudre y apparaissait, mit une amorce neuve, reprit sa cruche, et, son fusil en bretelle, se dirigea vers le puits.

Mais, à mi-chemin, de nouveau il s’arrêta.

La queue d’Hercule se faisait horizontale et rigide avec un bout frémissant. On était à contre-vent.

Ce fin bout de la queue d’Hercule disait à sa manière très clairement à Maurin : « perdreaux ! »

Maurin posa à terre sa cruche paisiblement, prit en mains son vieux fusil et… une compagnie de perdreaux se souleva de terre avec un grand ronflement d’ailes lourdes.

Il visa, regrettant toujours son fusil à deux coups. Il pressa la détente : cra !… coup raté.

— Brigand de sort ! dit Maurin, c’est à devenir enragé ! En voilà une d’histoire ! Elle empoisse, celle-là !

Hercule, cruellement déçu, regarda son maître et fit : ouah ! ce qui était contraire à son premier devoir de chien d’arrêt.

— À présent, mon pauvre Hercule, lui dit Maurin, c’est chasse terminée, nous voici au puits. Les perdreaux sont loin.

Et il ajouta, vraiment irrité :

— Un peu s’il n’y a pas de quoi briser un fusil pareil !

Il regarda avec mépris le vieux canon rouillé, la vieille crosse piquée des vers