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MAURIN DES MAURES

Qui n’a pas bonne tête, il faut qu’il ait bonnes jambes.

Il alla ramasser cruche et fusil et revint, disant :

— Et maintenant, Pastouré, mon ami, mange ton pain sec ; mais bois un coup d’aïguarden. Ça te tiendra debout.

Il dit au feu, en y versant de l’eau : « Éteins-toi, feu ! que quand tu ne fais pas le bien tu peux faire le mal, comme un homme. » Il dit à la porte en sortant : « Ferme-toi, porte. Grince, ma vieille. Tu parles comme une femme en colère. Grince, mais obéis… Toi aussi, tu parles trop. » Et il ajouta : « Adieu, le bon déjeuner des deux collègues. L’un est encatené comme un voleur et le second suit le premier à la manière des oies. Le tron de Dieu cure les gendarmes ! »

Il se mit en route, satisfait d’entrevoir, tout là-bas, ceux qu’il suivait, et de s’être assuré, les voyant dans la direction annoncée, qu’ils allaient bien à La Verne. Et Pastouré continuait à parler, toujours gesticulant, suivi de son chien Panpan et de l’obéissant Hercule.

— Les femmes ! ce sont les femmes qui sont la bêtise de l’homme. S’il n’était pas allé voir cette fille, voulez-vous jouer (parier) que les gendarmes n’auraient pas su où le prendre ! Pour épier Maurin ils rôdaient toujours autour d’elle ; il leur a donc été facile de le suivre, et ils l’ont pris comme un perdreau à l’engrainage… On engraine aussi le lièvre et le sanglier. Toute bête vient au piège en venant à ce qui lui plaît. L’amour est le roi des pièges. Où attend-on le lion d’Afrique ? à l’abreuvoir, pardi ! Et à l’abreuvoir ils ont pris Maurin ! Que faire à présent, sinon attendre ? J’avais une femme, elle est morte. Où me prendrait-on à présent ? nulle part. L’abreuvoir est vide, et moi je suis libre. Il faut