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MAURIN DES MAURES

Mais Grivolas l’aubergiste ronflait sur sa chaise, le dos au mur.

— Margaride ! cria Maurin.

La servante de l’aubergiste accourut. C’était une belle fille, à qui le gendarme Sandri faisait une cour peu honnête en attendant l’heureux jour où il pourrait devenir le légitime époux de Tonia la Corsoise.

— Margaride, dit Maurin, donne-nous quatre verres de fenouillet, et du meilleur.

— Deux verres suffiront, dit alors le père de la Corsoise. Vous devriez comprendre, maître Maurin, qu’un garde-forêts ne doit pas trinquer avec vous juste dans le moment où ses amis les gendarmes sont à votre poursuite. Vous voilà passé bandit. Et je devrais peut-être vous arrêter moi-même… Un Français du continent n’y aurait pas manqué à ma place. Tout ce que je peux faire pour vous, en ma qualité de Corse, c’est de me retirer comme si je ne vous connaissais pas… Allons, viens, Tonia, rentrons chez nous.

Et Orsini se retira avec sa fille qui souriait à Maurin.

Quelle suite allait être donnée au procès-verbal des deux gendarmes, — voilà ce qu’attendait avec impatience et curiosité tout le pays des Maures, qui aimait Maurin.

Et comme il devenait ainsi un peu bandit à la manière corse, la Corsoise s’était mise tout naturellement à le trouver fort à son goût.

Et puis, il contait si bien les gandoises (les histoires de son invention), ce galégeaïré !