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MAURIN DES MAURES


CHAPITRE V


Où l’on verra comment M. Désiré Cabissol et M. Désorty, préfet, continuèrent, inter pocula, leur conversation amusante et comment le premier de ces deux personnages fut conduit à narrer au second l’histoire du Marchand de larmes, sans pour cela oublier l’illustre Maurin, Roi des Maures.


Le déjeuner du préfet fut excellent et M. Cabissol y fit grand honneur. Au dessert, les deux interlocuteurs étaient devenus les meilleurs amis du monde.

Quand les cigares furent allumés :

— Il ne faudrait pas croire, monsieur le préfet, dit Cabissol, que je sois, comme le pense votre commissaire, un vulgaire amateur policier… Ce que je vous ai dit moi-même tantôt a pu ne pas suffire à éloigner de vous une telle idée…

— En effet…

— Eh bien, ce qui m’intéresse par-dessus tout, c’est le pittoresque, et j’ai plus de plaisir à rencontrer dans mes pérégrinations un type curieux, une histoire gaie, qu’un drame ou qu’une physionomie dramatique.

« Aussi je crois bien que ni Paris ni Lyon ne me seraient des théâtres aussi amusants que nos pays méridionaux.

« Tenez, par exemple, ni à Paris ni à Lyon on n’a la plaisante horreur de l’eau, la joyeuse peur de la pluie que l’on a ici. Cette peur est-elle sincère ? Oui et non.