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MAURIN DES MAURES


CHAPITRE VI


Maurin, prince des braconniers, duc des maires, empereur des gendarmes, roi des Maures, fait la police de son royaume.


Les trois vagabonds auxquels le bienveillant Maurin avait offert du tabac se trouvaient être de très dangereux malfaiteurs, trois échappés de prison. Les ordres les plus rigoureux furent expédiés dans toutes les communes. Il fallait capturer les trois misérables, morts ou vifs. Gendarmes et maires dressèrent l’oreille.

Le lendemain de son incartade, Maurin était à Bormes, et le soir, il prenait son café chez l’hôtelier Halbran à qui, parfois, il vendait du gibier. Maître Halbran lui contait que les gens du pays avaient été prévenus par le maire, le matin même, d’avoir à veiller à leur sécurité dans les bois, lorsqu’un chasseur vint déclarer que les trois coquins dont on parlait dans la région, l’avaient arrêté sur la route, dans le Don, et lui avaient dérobé son dîner, son tabac, son argent, — non sans le menacer de mort s’il refusait de se laisser voler. On lui avait pris également ses munitions de chasse, de la poudre, et les quelques balles qu’il avait toujours dans son carnier, en vue de la chasse au porc sauvage.

— Les trois coquins avaient des fusils ?

— Oui, ils ont à eux trois un fusil double et une carabine.

— Eh bien, dit Maurin de son ton décidé, il faut