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ï6o LA MtNERVE -11 1. 1 1 gloire en célébrant les exploits de leurs pères et les premières conquètes de la Grèce sur les Barbares. Homère a fait Virgile, et c’est, suivant Voltaire t son plus bel ouvrage le .poète latin a usé des travaux du poëte grec comme uûNfils dispose de la succession de son père. Il lui a emprunté son Olympe, ses dieux, ses fictions et, par cette liberté à la fois légitime et judicieuse, il a montré que sa raison avait deviné qu’un écrivain devait, comme Homère, parler d’abord à son siècle, pour être entendu un jour de la poste’rité. A l’époque où Virgile et Horace vivaient la Grèce vaincue avait en quelque sorte conquis l’Italie Athènes, veuve de Périclès exerçait Tempire du génie sur Rome soumise à César, ou gouvernée par Auguste. Homère grand et majestueux comme ses héros et ses dieux devait inspirer une haute estime à un peuple belliqueux. fanatique de la gloire et plein de religion. Virgile sentit cette vérité, et il se fit l’imitateur d’Homère peut-être encore son jugement exquis lui révéla-t-il un autre secret. Les fastes des Romains-, même embellis par la plus haute poésie auraient conservé une couleur trop sévère. Il fallait jeter dans le récit de leurs travaux les riantes fictions de la Grèce et tempérer l’austérité romaine par les grâces d’Athènes il fallait unir ensemble dans le même tableau, Dion et Rome, la Grèce et l’Italie, les temps héroïques et des exploits plus modernes et plus étonnans encore que ceux des Hercule et des Thésée. Mais, en évitant par cet heureux artifice la monotonie qui frappe de mort un ouvrage Virgile n’était pas dispensé de s’adresser aux intérêts aux passions aux sentimens de ses contemporains. Il sut habilement flatter en eux l’orgueil national, et surtout ce préjugé d’un empire éternel que les dieux avaient promis à