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culture de la pomme de terre industrielle et fourragère


DE LA FRAGMENTATION DES TUBERCULES DE PLANT.


S’il est, chez les planteurs de pommes de terre, une habitude bien enracinée, c’est celle qui consiste à couper les tubercules de plant en deux ou trois fragments, de manière à obtenir d’un poids donné de semenceaux l’ensemencement le plus étendu possible. Cette habitude est essentiellement mauvaise ; en opérant de cette façon on économise le plant, il est vrai, mais on diminue dans une importante mesure le rendement à l’hectare.

La théorie l’indique et la pratique le prouve. Chaque tubercule de pomme de terre, il est vrai, porte à sa surface un nombre d’yeux et par suite de bourgeons très supérieur au nombre des tiges qu’il développera plus tard ; mais ce serait se tromper beaucoup que d’attribuer à tous ces bourgeons une égale vitalité. Ceux-là seulement sont aptes à fournir une végétation aérienne active qui se pressent nombreux près de l’extrémité du tubercule opposée à l’ombilic ; les autres ne germeront pas ou ne fourniront que des tiges grêles et sans énergie productive.

De telle sorte que diviser en deux un semenceau, ce n’est pas, comme le croient nombre de cultivateurs, doubler l’énergie vitale de ce semenceau, c’est, tout simplement, en laissant cette énergie exactement ce qu’elle était avant la division, la répartir sur une surface de terrain double en étendue. Les produits que cette énergie fournira seront dans l’un et l’autre cas peu différents.

Au point de vue économique, d’ailleurs, ce n’est pas la dépense en tubercules de plant qui doit surtout préoccuper le cultivateur, ce sont les dépenses bien autrement importantes qu’entraînent le loyer, les labours, les engrais, les façons, etc. ; celles-ci sont absolument proportionnelles à l’étendue de la surface cultivée, et c’est à accumuler sur cette surface la plus grande quantité possible de produits qu’il faut s’attacher.

La fragmentation des tubercules, en outre, a lieu bien souvent d’après des procédés barbares ; on les coupe suivant l’équateur, sans réfléchir que le haut bout emporte presque tous les bourgeons féconds, et que le bout inférieur ne pourra qu’à grand’peine fournir quelques tiges sans force végétative. D’autres fois, on les coupe au hasard, et l’on se contente de laisser un œil sur chaque fragment.