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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

la retenait : elle y parvint en employant ses dents. Cette première tâche accomplie elle essaya de quitter doucement sa place. Mais au premier mouvement qu’elle fit, Wontum la saisit par le coude avec une telle force, et la serra si brutalement qu’elle ne put retenir une exclamation de douleur. Cependant le Sauvage ne parut point s’éveiller, et, après quelques secondes d’une immobilité pleine d’angoisses, Manonie resta convaincue que le geste du Pawnie avait été simplement fortuit et exécuté en plein sommeil.

Probablement un instinct de bête fauve continuait à veiller en lui, et les nerfs surexcités se crispaient machinalement sur la malheureuse captive au moindre mouvement tenté par elle.

Néanmoins elle n’osa plus bouger et attendit immobile. La respiration du Sauvage devenait bruyante et agitée ; ses lèvres frémissantes laissaient échapper des imprécations sourdes, entremêlées de mots inintelligibles. C’était encore de la fureur, jusques dans les rêves !

Manonie promena ses regards autour d’elle ; son oreille attentive sonda les profondeurs du silence. Tout dormait… le moment d’agir était venu.