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COEUR-DE-PANTHÈRE

Néanmoins elle se disposait à crier : mais, au moment où la troupe régulière fut tout à fait proche, Wontum appuya la pointe de son couteau sur la poitrine du petit garçon, en disant à voix basse :

— Si Cœur-de-Panthère fait du bruit, je tue l’enfant.

Manonie frissonna et se renferma dans un douloureux silence. Le piétinement des chevaux, le cliquetis des sabres, les cris et les éclats de rire des cavaliers, venaient frapper ses oreilles !… et elle ne pouvait donner un signal ! Des amis étaient là, en force imposante, apportant avec eux le salut. — S’ils eussent soupçonné sa misérable position ! — Et elle ne pouvait pas pousser un cri, faire un signe, sans tuer son enfant !…

Les soldats s’éloignèrent lentement, sans rien voir, sans rien deviner. Le cœur de Manonie se glaça et perdit tout espoir ; l’heure de la délivrance n’avait pas sonné.

Au même instant se produisit un incident imprévu : le cheval monté par Wontum se mit à fouiller la terre du pied : puis, il poussa un hennissement auquel répondit celui de Manonie. Le corps de cavalerie fit halte sur-le-champ, et à