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l’aigle-noir des dacotahs

membres sont devenus faibles, son petit corps a maigri… bientôt elle n’a plus marché ; je la portais dans mes bras au soleil pour la réchauffer ; alors elle me remerciait d’un sourire, ne pouvant plus parler…  : Ensuite je l’ai portée dans sa tombe, et pendant que les fossoyeurs jetaient de la terre sur elle, le prêtre me disait que c’était un ange envolé au ciel…

— Une enfant ? pauvre homme ! vous avez perdu votre enfant ?

— Non ! c’était ma plus jeune sœur ; le dernier rejeton d’une famille qui s’éteindra avec moi dans le désert… J’ai souvent cru entendre au travers de la solitude, le son des cloches qui tintaient pour la pauvre petite créature… Et dans mes longues nuits silencieuses, alors que, couché sur la terre nue, je n’ai pour abri que cette grande couverture bleue qu’on nomme le ciel, il me semble voir tomber sur moi avec le rayon d’une étoile le regard azuré de l’enfant, il me semble entendre sa voix frêle et douce qui me disait : « À présent, dépose-moi sur le gazon, je m’y reposerai… » Oui… alors je m’inclinais pour