Page:Aimard, Auriac - Le Mangeur de poudre.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bateau long et effilé, descendant rapidement le cours de l’Ohio.

Sur le pont circulaient des groupes de matelots qui chantaient, parlaient, juraient, riaient et fumaient à l’envie les uns des autres. Debout près du gouvernail, un homme seul, — le pilote, — restait silencieux, sondant du regard le cours de la rivière, et n’entendant même pas le bruit qui se faisait autour de lui.

Cependant vint un moment où ses oreilles importunées ne purent en supporter davantage.

— Avez-vous bientôt fini votre branle-bas infernal, gibier de potence ? leur cria-t-il brusquement.

Mais ce furent paroles perdues le Violoneux accorda son instrument fatal, et se mit à jouer l’air du «  Passager de l’Arkansas ;   » aussitôt la troupe endiablée forma une ronde de longue haleine pendant laquelle grimaces, contorsions,