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LES PIEDS FOURCHUS

— Il faut être bon pour les bêtes, disait le Brigadier, elles sont bonnes pour nous.

Les animaux ainsi pourvus, les chasseurs songèrent à eux-mêmes : le feu clair et chaud brûlait déjà dans un foyer improvisé de pierres amoncelée ; une vaste théière commença ses joyeux murmures qui s’exhalèrent bientôt en odorants tourbillons ; la table, un énorme tronc d’arbre équarri, fut, en un clin d’œil, chargée de provisions ; des bougies extraites des baies de l’arbre à cire fournissaient l’éclairage le plus satisfaisant. Chaque membre de la petite troupe avait industrieusement mis la main à l’œuvre : il n’y en avait pas un qui ne fut familier avec la vie au désert.

Le souper fini, chacun s’installa à son gré autour du feu, et après quelques mots de conversation interrompue, on garda le silence.

Le Brigadier s’était adossé contre un sac d’avoine, avait joint ses mains sur ses genoux relevés, et tenant ainsi les pieds en l’air, contre le feu, il restait immobile, les yeux béatement fermés.

— Comment vous trouvez-vous, Père, demanda Luther ; un peu raide, hein ?