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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

telle violence qu’on les entend des trois milles sur les eaux du lac Moose-Head. Alors, si deux mâles se rencontrent, ils se battent avec une fureur inimaginable, se frappant de leurs longs andouillers, des pieds de devant, se renversant par terre, jusqu’à ce que l’un des deux soit mort ou hors de combat ; le sol est déchiré tout autour des combattants, des poignées de poils sanglants jonchent la terre, c’est à faire trembler. En mars, il fait meilleur pour cette chasse : qu’en dis-tu, Iry ?

Le maître d’école fit un signe d’assentiment.

— Et pourquoi ? demanda Frazier excusez mes questions, je cherche à m’instruire avant d’être à la besogne.

— Parce que en mars, le soleil fond la neige, répondit le maitre d’école ; la nuit, une croûte de glace se forme, et le moose ne peut pas voyager bien loin.

— En vérité ! et pourquoi ?

— Parce que cet animal meut ses pieds perpendiculairement et que le tranchant de la glace lui blesse les jambes.

— Oh ! quelle affaire ! s’écria Luther.